Les « espaces du dedans », situés « au-delà de la porte du profond sommeil », s'avèrent rapidement un pays cauchemardesque peuplé de créatures lovecraftiennes. Confronté à ses doutes et à ses désillusions, le prince Jérôme parvient à la fin de ce long périple initiatique dont il sortira meilleur et plus sage.
Il pourra alors reprendre sa place, voire réparer les erreurs passées, après un voyage dans le temps au bout duquel il retrouvera Violhaine et Nicolas.
Ce scénario délirant — sur les nombreuses ellipses duquel il vaut mieux passer — , permet une nouvelle fois à Adamov de laisser s'exprimer en toute liberté son graphisme baroque et flamboyant. Le résultat est splendide, et nous apprécierons en particulier le retour final dans l'univers des premiers albums. Ce « retour à la raison » est sans doute le point fort de cet ouvrage qui clôt (définitivement ?) la série, car il lui redonne un sens qui semblait faire défaut dans les albums les plus récents.
Même si le premier cycle est incontestablement le plus intéressant, le bilan de cette longue saga est largement positif, ne serait-ce que par la richesse de l'imagerie déployée qui nous laisse éblouis et étourdis. Les Eaux de Mortelune font désormais partie des classiques.
Pascal Patoz nooSFere
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