Initialement publié en France chez Semic en 1996, en plein essor des éditions Image, Savage Dragon relate les aventures d'un homme au physique de dragon retrouvé, amnésique, dans un terrain vague en flammes et engagé par la suite dans la police.
Quinze ans après sa création, la série est toujours écrite et dessinée par Erik Larsen (connu pour son passage sur Spider-Man). À l'occasion de cette réédition groupée des premiers épisodes, l'auteur a choisi d'ouvrir son histoire avec un épisode zéro devenu assez rare, où les origines du Savage Dragon sont dévoilées (ce qui, pour les lecteurs comme moi qui ne connaissaient pas la série, annihile d'entrée de jeu tous les mystères liés à l'amnésie du personnage). Nous apprenons donc que « Dragon » est issu d'une autre planète, et que sa mémoire a été remplacée par cinq jours de programmes télévisés. Nous comprenons, dès lors, son intégrité et sa vision idéaliste de la justice dans la mesure où sa personnalité est en partie construite sur des souvenirs de séries télé policières à la morale très « basique ».
Dans le monde de Savage Dragon, Chicago est gangrenée par le crime : humains, mutants et extra-terrestres se côtoient dans une véritable guerre ouverte. Le comic-book se présente comme une parodie des séries et films policiers où un seul homme fait loi, à la manière de l'Inspecteur Harry. Mais son ton léger et (volontairement ?) kitsch cache parfois un propos beaucoup plus sombre inspiré de séries TV comme New York Police Blue, et aborde des thèmes assez graves tel celui de la discrimination. Parodie du monde des super-héros et des polars, Savage Dragon s'avère ainsi, à l'occasion, d'une maturité surprenante dans son propos quand l'œuvre s'attache à dépeindre le mal-être des policiers à travers le personnage de Dragon.
Ceci dit, n'allez pas imaginer que Savage Dragon est un chef-d'œuvre impérissable : son scénario tire de grosses ficelles et ses dessins sont essentiellement composés de bastons assez brouillonnes, sans parler des costumes à l'esthétique très « nineties », mais le titre reste plaisant à découvrir ou à redécouvrir.
Florent M. 07/02/2010
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