Fabien Vehlmann réunit, sous ce titre intrigant, sept histoires mises en scène, dans des lieux du Paris du début du XXè siècle, susceptibles de faire naître le mystère. C'est ainsi qu'il prend pour décors le Père-Lachaise, la Seine, la Tour Effel, le Moulin de la Galette...
Le personnage principal, sur qui reposent les récits, est Georges Méliès, le cinéaste qui construisit le cinéma fantastique. À la fin de sa vie, il abandonne le spectacle pour tenir une boutique de confiseries et de jouets.
Celle-ci sert de point de départ à la première fable du recueil. Il évoque ses rapports douloureux avec le cinéma et entreprend de se raconter à un jeune poète, grand fumeur, du nom de Prévert.
Méliès apprend, par des astronomes, que l'Étoile Polaire a quitté sa position et qu'elle va tomber à Paris. Il n'a plus qu'une idée : la filmer. Un mendiant, pour qui il est généreux, lui révèle qu'il doit, pour des choses mystérieuses prendre des chemins mystérieux. Ceux-ci passent par le Roi des Mendigots...
Un hercule de cirque est amoureux de Ginette, une trapéziste qui disparaît. Au cours de ses recherches, l'homme va de révélations en révélations...
Lors de l'Exposition Universelle, Méliès et son épouse visitent des stands. Dans celui d'un photographe qui expose un daguerréotype de la Lune, elle remarque l'ombre d'un homme sur le satellite de la Terre...
Houdini, admirateur inconditionnel de Houdin, est à Paris et fait un numéro dans la Seine où il est jeté menottes aux poignets...
Le Diable, même amoureux, ...reste le Diable !
Le moulin de la galette sert de décor à La Nécropole mécanique.
La dernière histoire, Les Féeries récalcitrantes, explique les raisons (fantastiques) qui ont poussé Méliès à brûler ses bobines et à abandonner la réalisation de films.
Fabien Vehlmann, qui nous a déjà enchanté avec Les Cinq Conteurs de Bagdad, (Même éditeur, même collection) récidive dans le récit de fantastique poétique. Il appuie ses scénarii, pour cet album, sur un personnage emblématique du merveilleux, le cinéaste Georges Méliès. Celui-ci, qui a commencé sa carrière comme illusionniste, a mis tout son génie inventif au service de l'image animée. Les quelques films qui restent laissent imaginer la richesse de ce qui fut détruit. Méliès sombra dans l'oubli jusqu'à ce que Jacques Prévert et le mouvement Surréaliste fassent reconnaître son œuvre et son rôle de pionnier.
Fabien Vehlmann se pose presque comme l'héritier du grand magicien de l'image. Ses sept récits sont tous empreints de poésie, de merveilleux, de féerie et de magie. Il y mêle, cependant, la réalité quotidienne et les sentiments communément répandus chez les individus.
Le travail graphique de Frantz Duchazeau est parfaitement maîtrisé. En noir et blanc, avec un trait d'une délicatesse et d'une expressivité remarquables, il fait ressortir et ressentir toute la fantasmagorie qui infiltrent les histoires. Sous une simplicité apparente (comme les mélodies de Georges Brassens) il place le détail dans une mise en page et une mise en scène inventives.
Avec un virtuose du texte et un maître du trait, Le Diable amoureux et autres films jamais tournés par Méliès est un album qui a tout pour séduire.
Serge Perraud nooSFere 01/04/2010
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