Après avoir vu s'afficher dans l'atmosphère la phrase « Votre vie est un échec. Appuyez sur reset », des individus sans lien apparent se donnent la mort. Une jeune femme au foyer découvre, en s'intéressant à l'ordinateur de son mari récemment suicidé, l'existence d'un jeu online intitulé Dystopia, dont l'interface reproduit l'apparence de son immeuble et du quartier tout entier. Tout porte à croire que ce jeu n'est pas étranger à la vague de suicides, dont toutes les victimes logeaient dans le bâtiment...
Reset exploite un thème devenu classique dans la pop-culture : celui des univers virtuels, et plus spécialement l'univers des MMORPG (jeux en ligne type World of Warcraft). Tron (1982), Matrix (1999), Dans la Dèche au Royaume Enchanté (2003), Avatar (2009), Genuine City (2010), Tron again, avec son remake Tron Legacy (2010)... Le genre, devenu un véritable phénomène inspiré de l'évolution des jeux vidéo, n'en finit plus d'être exploité. Avec astuce, Reset reprend tous ses codes en limitant la zone d'action de ses personnages à un quartier : dans cet endroit, qui reproduit la réalité dans ses moindres détails, rien de plus facile que de ramasser une grenade ou un lance-roquette dans la rue pour occire son voisin, ou bien de se suicider virtuellement pour le simple plaisir de franchir un tabou. Mais voilà : quand les joueurs ne font plus la différence entre la mort virtuelle et la mort réelle, le gouvernement s'intéresse de plus près à cette étrange « lan party » mortelle et infiltre un jeune hacker employé par les services secrets à l'intérieur du jeu. Libre de tricher à volonté, ce dernier n'hésite pas à faire de son avatar un véritable surhomme pour retrouver la trace du créateur de la partie, semble-t-il décidé à pousser ses joueurs au suicide pour une raison mystérieuse.
Reset est un one-shot, une histoire complète se suffisant à elle-même. Autant dire que le scénario avance vite, parfois un peu trop, au risque d'être par moment confus. À l'occasion, on ne sait d'ailleurs plus très bien — mais peut-être est-ce volontaire — si les personnages se trouvent dans la réalité ou bien dans le jeu. Dans tous les cas, l'exercice de style se révèle fascinant et efficace, mais on en n'attendait pas moins de la part de l'auteur de Manhole.
Florent M. 09/02/2010
|