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Totalement isolée du reste du monde, l'île d'Oful est un microcosme de sauvagerie. Son peuple, réduit à l'esclavage, a depuis toujours appris à courber l'échine. Survivre est son seul acte de défi.
Originaire d'Oful, la petite Nys va devoir grandir seule après le massacre de sa famille. Pour subsister, il lui faudra trouver la force et le courage de changer son destin, au risque de se perdre elle-même.
Mais l'enjeu de la survie de Nys va bien au-delà de sa seule existence.
Dans l'ombre, tout un peuple s'intéresse de très près à Nys et à ses compatriotes.
Et si les choix d'une petite fille pouvaient rompre l'équilibre instauré entre deux civilisations, si différentes et si étroitement liées, quel nouveau monde en surgirait-il ? | |
Oful est un monde barbare qui ne connaît pas d'autre loi que celle du plus fort et où le concept des droits de l'homme de l'enfant en particulier n'est pas prêt d'être imaginé. Nys, une petite fille, va l'apprendre à ses dépens en assistant au massacre de ses parents. Devenue esclave, sa petite taille en fera un « voltigeur » idéal, dont le rôle sera de ramper dans les galeries qui conduisent aux oeufs des Squès mets fort demandé pour ses vertus aphrodisiaques , au risque d'être défigurée par les fils d'acide…
En soi, l'histoire de Nys pourrait se suffire à elle-même : fantasy certes sans grande originalité, mais d'un dynamisme indéniable.
Mais le véritable thème de KO est ailleurs. Tandis que Nys se démène pour survivre, des téléspectateurs suivent en permanence ses efforts, retransmis par des holocaméras dont le monde d'Oful ignore l'existence. Ces spectateurs commentent avec passion les scènes les plus dures, guettant avidement le moindre combat ou le moindre viol, ou les scènes les plus romantiques.
Finalement, Nys échappe sans le vouloir aux caméras, en pénétrant dans un endroit dont la structure leur demeure impénétrable. Cinq ans s'écoulent mais certains spectateurs ne l'ont pas oubliée et attendent encore son retour...
Oful est une île dont l'origine nous est encore mystérieuse. Est-ce une région demeurée naturellement violente ? Une sorte de bagne ? Ou une pure création d'un producteur dément ?
Le voyeurisme est le moteur qui justifie cette sitcom grandeur nature, ces jeux du cirque qui se déroulent à l'insu des joueurs. Oful pourrait être l'émission qui a succédé au Truman Show, une fois les spectateurs lassés de la vie trop policée de Truman/Jim Carrey.
Ce premier album n'est bien sûr qu'une présentation de l'univers d'Oful et de ses coulisses. Nous devinons que les deux mondes vont se rencontrer et que ce sera probablement le véritable sujet des prochains albums. Il y a là matière à un scénario riche et palpitant, d'autant plus que la jeune héroïne est une figure assez forte : pour survivre, elle apprend à devenir plus arriviste et cruelle que ses adversaires.
Le dessin de Chevereau dégage une énergie brute, proche de certaines œuvres de Jean-Yves Mitton par exemple. Il est donc ici en plein adéquation avec la violence du scénario.
En bref, les auteurs ont réussi sans difficulté à éveiller l'attention en reprenant le thème du show grandeur nature. Il ne reste plus qu'à attendre la suite pour voir jusqu'où ils vont mener leurs personnages et leur réflexion sur une société où le spectacle prime sur l'éthique…
Pascal Patoz nooSFere
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