Il y a bien longtemps, une rumeur est née. Depuis, elle grandit chaque jour un peu plus. Elle dit qu'un homme, le passeur, trouvera la voie qui mène à la porte de lumière et qu'il guidera les habitants de la ville jusqu'à cette Cité où les hommes et les femmes vivront ensemble en harmonie. Aujourd'hui, cette rumeur n'en est plus une, elle est devenue une légende. Celle de la Cité de l'Arche...
 

     La Ville Lumière est entourée de hauts murs depuis si longtemps que ses habitants ont perdu le souvenir d'un autre temps. Une vieille femme, dans un théâtre décrépi, devant un public restreint, raconte qu'une rumeur enfle et devient plus forte de jour en jour. Elle annonce la venue d'un homme, le passeur, qui trouvera la voie vers la Cité de l'Arche où les hommes et les femmes pourront vivre ensemble, y éduquer leurs propres enfants.

     Sur un quai, un jeune homme pressé bouscule les passants. Il se dépêche pour observer, avec une longue vue, une jeune fille sur le quai d'en face. Dans un laboratoire, un homme s'impatiente, mais en vain. Les pigments qu'il attend ont été volés lors d'une attaque menée par les infidèles. Ceux-ci ont deux espions qui suivent la conversation du scientifique avec le maître scribe et le soldat survivant. Le maître scribe s'en aperçoit, mais ne réagit pas. Il rejoint le Présideur qui semble satisfait de son plan : donner confiance aux Infidèles en leur faisant croire à des victoires faciles pour mieux les anéantir lors de la prochaine attaque.

     Dans cette société où femmes et hommes ne se rencontrent que lors de la Journée de Vie Commune, la promesse d'une vie meilleure, de lendemains qui chantent ne peut que nourrir l'espoir.
 

     Avec La cité de l'Arche, OG Boiscommun développe une histoire futuriste qui mêle le romantisme à la fable humaniste et écologique. Derrière les gigantesques murailles élevées pour protéger les populations de la Ville Lumière d'un fléau, s'est développée une société dictatoriale. Si les bâtiments tombent en ruines, un système très perfectionné de drones quadrille la ville et permet de cadencer la journée et de diffuser les messages du pouvoir. Le couvre-feu oblige à des règles strictes de vie.

     Mais l'auteur ne décrit qu'une situation amplifiée de ce qui existe déjà dans nombre de sociétés sur notre pauvre Terre. Il met en scène l'incompréhension qui se fait jour face à des règles dont les raisons ont été oubliées de puis si longtemps. Il montre, également, que tous les pouvoirs en place, aussi dictatoriaux soient-ils, trouvent une opposition pour les vaincre. Mais Boiscommun ira-t-il jusqu'à illustrer que les nouveaux maîtres seront, dans un genre différent, aussi répressifs que les précédents ?
 

     Le graphisme de l'auteur fait merveille. Il possède l'art de faire exprimer les sentiments de ses personnages et travaille les décors pour en faire de véritables tableaux.
 

     La Ville Lumière est un album de très bon niveau qui laisse augurer d'une suite à la hauteur.