Si vous n'êtes pas familier du manga Jojo's Bizarre Adventure, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de ma critique de Rohan au Louvre, histoire indépendante de la série commandée au mangaka par le Musée du Louvre. Pour résumer, JBA est un manga unique en son genre où les différents chapitres d'une saga se succèdent sur plusieurs siècles, mettant en scène les descendants d'une même famille : la dynastie Joestar. La fin du douzième tome français paru chez J'Ai Lu voyait l'apparition des stands, des espèces de projections psychiques émanant des protagonistes, et d'apparence différente selon leur propriétaire. Le chapitre débutant dans ce douzième tome et se terminant au vingt-huitième reste le plus populaire de la série, et s'est vu adapté en une série animée de très bonne facture. Son héros se nommait Jotaro Kujo.
En 2007, Tonkam reprit le flambeau en publiant le chapitre Golden Wind, avant de publier aujourd'hui cette nouvelle série, Stone Ocean, qui représente le sixième chapitre dans la saga de la famille Joestar. Elle sera suivie, vraisemblablement en parallèle, courant 2010, par la septième série : Steel Ball Run. Ne vous inquiétez pas : ça a l'air compliqué, comme ça, mais il est tout à fait possible de lire le présent manga sans jamais avoir entendu parler de JBA. Il suffit de garder à l'esprit le principe des stands, cela vous évitera d'être surpris.
Dans Stone Ocean, il est question d'une jeune femme, Jolyne Kujo. Son histoire commence pareillement à celle de Jotaro Kujo, son père, car elle se retrouve enfermée dans une cellule. Accusée d'un crime qu'elle n'a pas commis, Jolyne est envoyée en prison. Très vite, elle découvre son stand, assez peu impressionnant étant donné la puissance du stand de son père : Star Platinum. Le pouvoir de Jolyn consiste en effet à faire sortir une sorte de fil de son index... Naturellement affolée par cette découverte, la jeune femme va très vite apprendre à tirer parti de son don au sein d'un univers carcéral impitoyable.
Si vous ne connaissez pas JBA, ce premier tome est peut-être l'occasion de vous y mettre. L'auteur, qui ne cesse d'améliorer son style, se trouve actuellement au sommet de son art, excellant dans la représentation de l'anatomie des corps, des expressions faciales, s'appliquant dans les moindres détails de ses cases, à un tel point que le format des mangas ne rend pas honneur à son travail, bien plus mis en valeur par le grand format au papier lisse de Rohan au Louvre. Mais on imagine mal une publication en album cartonné pour un manga comptant plus d'une cinquantaine de tomes... Le dessin s'avère donc sublime, à ranger parmi le 1% des plus beaux mangas, aux côtés de Hokuto No Ken, GunnM ou I''s.
Sur le fond, ensuite. L'auteur surprend en prenant une femme pour héroïne, chose à ma connaissance inédite dans la série. Son choix du cadre pénitentiaire lui permet de reprendre les codes du genre, avant d'opérer une évolution vers l'univers surréaliste qu'on lui connaît via l'intervention des stands. Je vous ai déjà parlé du « fil » sortant du doigt de Jolyne, mais ne croyez pas qu'il s'agisse là de la seule surprise réservée par le manga. En fait, il ne s'agit que du postulat de départ. En l'espace d'un seul tome, il parvient à introduire une seconde idée encore plus dingue, que je vous laisse le soin de découvrir.
Vous pouvez donc y aller les yeux fermés, et les nombreuses lectrices de mangas apprécieront sûrement de pouvoir s'identifier à une héroïne (chose finalement assez répandue dans les mangas, quand on y pense). Et puis surtout, n'ayez crainte : les coiffures et les costumes improbables si appréciés par l'auteur sont bien de la partie.
Florent M. 15/08/2010
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