En 1217, la cinquième croisade est impulsée. Les initiateurs, dont le légat papal Pélage Galvani, décident de s'emparer du port de Damiette pour conquérir Le Caire et l'Égypte avant de s'attaquer à la Palestine et reprendre Jérusalem. (Les motivations profondes n'étaient-elles pas, déjà, de mettre la main sur quelques richesses ?)
Le 4 novembre 1219, un petit groupe de croisés tente de passer par les douves des fortifications de Damiette pour, de l'intérieur, ouvrir les portes et mettre fin à un siège interminable. Ils arrivent dans ce qu'ils pensent être des catacombes avant d'être massacrés par une mystérieuse entité. Seul un jeune garçon en réchappe qui prévient le légat. Sur les murailles, c'est également l'hécatombe, mais la ville tombe. Cependant, une forme de peste anéantit les vainqueurs. En 1227 le pape Grégoire IX crée la commission des Mires, chargée d'enquêter sur cette étrange maladie.
En 1244, Guillaume de Sannac rencontre secrètement le cheikh Ali Musafir à Damiette. Ils s'associent pour lutter contre le mal qui se cache sous la ville. Le cheikh a la preuve de l'implication de la Secte des Assassins. Ceux-ci disposent d'un pouvoir que les croisés voudraient bien posséder et qui transforme des hommes en entités invincibles, des spectres aux yeux d'argent...
Sannac obtient l'accord d'Innocent IV, le nouveau pape pour poursuivre l'enquête. Il réunit un petit groupe d'individus aux capacités multiples et se lance à la recherche d'une vérité. Mais il est loin d'imaginer ce vers quoi il se dirige !
L'Ordre des Templiers, le Vatican, le régime nazi... sont des sources quasi inépuisables de sujets, tant pour les mythes qu'ils génèrent que pour le secret qui les entoure. Concernant les Templiers, particulièrement, le peu d'informations vérifiables ayant traversé le temps, l'aura de mystère qui entoure le fonctionnement de cet ordre, ouvrent la porte à toutes les hypothèses, voire toutes les élucubrations. Il s'y rattache, également, une partie de la mythologie moyen-orientale, comme celle relative à la secte des Nizârites, surnommés Hachichins. De plus, ces mouvements spectaculaires que furent les croisades, dont les objectifs n'ont pas toujours été aussi limpides que le rapportent les récits historiques écrits bien après les événements, permettent à une imagination fertile des développements intéressants.
C'est dans ce cadre historique du XIIIè siècle que Izu et Nikolavitch plantent une intrigue à laquelle ils intègrent des éléments de fantastique et d'épouvante. Ils animent, des personnages construits avec cohérence, d'une grande fidélité à une réalité historique. Les motivations des différents acteurs du drame restent à découvrir, malgré l'éclairage ténu que laissent filtrer les auteurs, dans ce tome.
Zhang Xiaoyu, de nationalité chinoise, signe un graphisme brillant, s'inspirant du comics, du dessin d'aventures des années 60 avec un traitement des ombres par des hachures croisées. Il donne aux scènes qu'il met en œuvre une force et un dynamisme remarquables. Il réalise des pages superbes, même quand il met en images des batailles où il ne cache rien des conséquences des combats à l'arme blanche.
Le spectre aux yeux d'argent, revisite de façon novatrice un thème bien utilisé, servi par un dessin et une mise en couleurs toniques. Une série à suivre avec attention !
Serge Perraud nooSFere 10/05/2010
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