Lynche loue ses compétences de mercenaire pour escorter les bateaux marchands. Elle est sur celui de Komptan quand le navire est attaqué par des pirates à la solde de Labränsh, le négociant qui doit lui acheter sa cargaison. Soudain, le bateau est piégé par une chaîne tendue dans la passe. L'abordage est inévitable. Pendant l'engagement, sur le vaisseau pirate, elle rencontre Raya, une autre mercenaire. Lynche réussit à décrocher la chaîne et le bateau rentre au port sans plus de dommages.
La guerrière décide de rester à terre pour prendre du bon temps. Raya la retrouve. Si la première a touché sa paie et une bonne prime, la seconde a mis ses derniers sous dans le remplacement de son arbalète, se faisant escroquer par l'armurier.
Après une soirée bien arrosée, une nuit passée avec le serveur de l'auberge parce qu'il a : « Le plus beau postérieur qu'on ait vu depuis des semaines. », Lynche retrouve une Raya touchée par le discours humaniste d'Yquem. Celui-ci quête sur les routes pour le Delpont où sévit une sécheresse terrible. Il a un discours bien rodé, le pouvoir d'émouvoir, si bien que la mercenaire prête gracieusement ses services pour protéger le convoi. Elle a reçu, en tant que bénévole, une médaille dont le dessin intrigue Lynche au plus haut point. Interrogé sur l'origine du symbole, Yquem fait référence à son maître, lui seul pourra répondre. La mercenaire décide de se joindre au convoi pour rencontrer le maître et avoir une explication, car ce dessin lui rappelle de nombreux souvenirs. Dans quel nouveau guêpier la belle et farouche mercenaire va-t-elle mettre les pieds et...le reste ?
L'univers de Troy, à l'image du nôtre, est en expansion. Il devient si vaste qu'une vie suffira-t-elle à Christophe Arleston pour en terminer l'exploration ? Ce déploiement rappelle celui de La Compagnie des glaces du grand G.-J. Arnaud. Lorsque ce dernier en a commencé l'écriture, il avait le projet de faire trois, voire cinq romans, au maximum. Au final, il y eut quatre-vingt-dix-huit volumes avant que la saga ne soit interrompue par l'incurie d'un pseudo éditeur.
Cependant, si Arnaud avait un fil conducteur pour construire son univers, il semble difficile, aujourd'hui, de trouver ce qui lie les différentes séries que développent Christophe Arleston et Melanÿn. Le point commun peut en être le don magique que chacun possède dans cet univers. Mais celui-ci n'est pas présent partout comme dans Nuit Safran, dessiné par Éric Hérenguel. Les auteurs donnent, toutefois, un ton particulier à ces séries « dérivées ». S'ils s'appuient toujours sur le thème de l'aventure, sur le décalage entre les actes et les paroles, sur les touches inattendues qui créent la surprise tant dans les dialogues que dans l'action, ils ne tombent pas dans le travers de dupliquer Lanfeust à l'infini.
Pour Les Guerrières de Troy, le scénario est inventif tant pour l'intrigue que pour les personnages, le propos est gai, vif, alerte. Les auteurs développent le thème des femmes qui, faisant un métier plutôt masculin, en adoptent les attitudes et les travers. Ils mettent également, dans ce premier tome, l'humanitaire au cœur de leur sujet. Ils ont une vision à peine caricaturale de la réalité, de ces chantres qui font leur métier de la cause charitable, de l'appel aux dons, qui soignent leur mise en scène au point de faire trois prises pour une belle séquence télévisée.
Le travail mené avec des dessinateurs d'horizons très différents apporte la richesse de la variété des talents de chacun. Ainsi, le choix des deux scénaristes de faire appel à Dany pour illustrer une histoire qui se déroule en l'an 1350, soit presque trois millénaires avant Lanfeust, est une très bonne idée. Les auteurs s'appuient sur son style graphique pour animer, à l'image d'une Cixi, des héroïnes issues des plus purs récits d'heroïc fantasy. Dany apporte sa vision des protagonistes, sa patte pour créer une galerie de « tronches » exceptionnelle, son art de la mise en images, son graphisme dynamique et son soin pour les décors.
Yquem le Généreux est un premier tome chatoyant qui augure d'une série fort plaisante à découvrir.
Serge Perraud nooSFere 22/07/2010
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