Parfois, il peut arriver de croiser, au détour d'une brocante, un tas de comics bradés dans lequel le geek de passage ira fouiner comme une poule sur un tas de fumier à la recherche d'un lombric, en quête de la perle rare, pour finir par le quitter après avoir passé en revue des daubes innommables. Ou bien des petits trésors. C'est ainsi que, dimanche dernier, je suis retourné chez moi équipé d'un sac rempli d'une vingtaine de comics, payés quelque chose comme trente cents pièce. Parmi eux, quelques Spawn : Dark Ages, dont le dessin avait attiré mon attention, bien que je ne sois pas féru de la série dont ce spin-off est tiré. Ayant vaguement suivi Spawn dans les années quatre-vingt dix, en plein boum des éditions Image, je ne m'étais en effet jamais penché sur cet univers dérivé relatant l'histoire des Hellspawn ayant précédé Al Simmons dans l'ancien temps. Et c'est fort dommage.
Ce quatrième tome (notez l'étrange numérotation de Semic, qui attribue au même volume un numéro quinze assorti d'un tome quatre, avec une mention « hors-série ») s'intéresse à une jeune femme, dans le comté de Rackham, en Angleterre, à l'époque du roi Jean (Robin des Bois, pour vous situer). Après avoir vu son père et ses compagnons massacrés par l'ennemi, cette femme se met en tête de partir à leur poursuite. Pour cela, elle n'hésite pas à recruter une armée d'enfants, et à réveiller un Hellspawn pour exercer sa vengeance au nom de Dieu. À la lecture de ce simple résumé, vous devinerez le caractère résolument extrême de ce récit, qui emprunte aussi bien à Jeanne d'Arc (l'heroïne croit être guidée par la voix de Dieu) qu'aux Croisades, le tout sur fond de culture celtique. Une femme aussi pure que sexy, des enfants confrontés à l'horreur de la guerre, une créature des enfers enrôlée pour diriger l'armée de Dieu, et entretenant une relation de soumission avec son « élue »... L'auteur s'aventure sur un terrain moralement ambiguë et multiplie les paradoxes en usant d'une subtilité sans comparaison possible avec celle de la série régulière Spawn, où Todd Mac Farlane avançait à bord d'un bulldozer (ceci n'engage que moi).
Porté par un dessin sublime restituant parfaitement son ambiance historique, Spawn : Dark Ages laisse une drôle d'impression au lecteur, le sentiment d'avoir lu une œuvre au ton résolument mature et imprégnée d'une atmosphère dérangeante, ce dont on ne se plaindra pas. Sachez enfin que cette histoire ne se termine pas avec ce quinzième tome, mais qu'elle se poursuit dans le volume suivant. Il vous sera toutefois difficile de trouver ces revues, sinon sur des sites de vente d'occasions. À vos claviers...
Florent M. 11/09/2010
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