Une plongeuse explore les fonds marins de Holyhead, au Pays de Galles. Elle remonte pour se reposer, quand une apparition fantomatique l'interpelle en lui désignant un point. À l'endroit indiqué, la blonde jeune femme trouve un ceinturon gravé de l'inscription : « THE KILLED THEM ALL H ».
En août 1859, en Australie, malgré la dangerosité de l'étayage, deux hommes descendent creuser à la recherche de l'or. Padrig travaille avec acharnement pour offrir une vie meilleure à sa femme et à son fils restés au Pays de Galles. Un éboulement, qui manque lui coûter la vie, révèle un filon du précieux métal.
Au phare de Scilly Island, l'évacuation d'urgence de maître Gray se passe très mal avec la tempête. Son assistant, le jeune Jack John perd son bras, broyé dans une poulie en tentant de le secourir. Ce dernier, à peine opéré, demande à aller au « Paradis », sur la terre ferme.
Dans les environs du phare de South Stack, une femme appelle à l'aide, mais elle est rattrapée par son meurtrier. C'est là que le jeune manchot est affecté. Le gardien en chef, Maître Bowen, l'accueille avec chaleur. Toutefois, dans les jours suivants, son attitude interpelle son jeune assistant. En pleine nuit, il voit son maître jeter en mer une masse qui paraît lourde. Il trouve, sur les indications de celui qui les ravitaille, dans la lande environnante, un rocher peint d'un signe étrange.
Alors que Bowen est victime d'un malaise, dans sa chambre, Jack repère sur un livre ouvert un signe identique à celui du rocher. Le livre s'appelle Book of Behomoth.
Entre-temps, les chercheurs d'or ont embarqué sur le Royal Charter avec leur fortune. Le bateau approche de la zone...
Didier Alcante s'appuie sur des faits authentiques pour construire son histoire. Il utilise South Stark, un phare qui à la réputation d'être hanté, et un naufrage qui fit plus de quatre cents morts et disparus. Il intègre, également, la classification que les gardiens ont faite des phares, baptisant Paradis, ceux qui sont érigés sur la terre ferme et Enfer, ceux qui se situent sur des récifs, perdus en pleine mer. Il prend en compte des événements historiques tels que cette ruée vers l'or qui amena deux cent mille britanniques à partir pour l'Australie et la nuit du 25 au 26 octobre 1859 où une effroyable tempête ne provoqua pas moins de deux cents naufrages au large des côtes britanniques, dont celui du Royal Charter.
Avec ces éléments, son imagination fertile, le scénariste imagine une intrigue au climat horrifique proche de celui d'un film comme Shining. Autour de quelques personnages réels, il intègre des acteurs de fiction et modifie la réalité. Il relie ces données de façon pertinente et construit une histoire où le Fantastique le dispute à l'historique.
Alcante et Matteo se sont rendus sur les lieux pour s'imprégner de l'atmosphère, de la réalité du décor et plonger dans des archives très documentées.
Le dessin de Matteo est donc nourri d'éléments réels qu'il enrichit avec ses capacités créatives. Le résultat est superbe avec des personnages bien campés, une opulence des décors, le tout rehaussé par un graphisme où les couleurs directes ont la meilleure part.
Les gardiens des enfers, par son scénario inventif, par sa mise en images élaborée, se révèle un très bel album.
Serge Perraud nooSFere 09/09/2010
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