Un convoi approche de la ville fortifiée de Medina. Le soldat Karlof demande l'activation du bouclier et l'ouverture d'une poterne. Le responsable de la mission veut savoir s'il a le colis. Pendant que les véhicules franchissent les dernières dunes, les Drax attaquent. Ce sont des monstres aux gueules bardées de crocs acérés. Les survivants du convoi entrent dans la ville, suivis de quelques monstres facilement anéantis. Karlof, cependant, se fait mordre à l'épaule. Il dévoile ce qu'il a été cherché au cœur du territoire des Drax, leur bien le plus précieux. C'est une jeune fille, appelée Hadron, qui possède une énergie colossale. Elle se débarrasse de l'équipe médicale et rejoint un lieu où des Drax sont prisonniers. Ceux-ci lui demandent de les aider, dans la langue des humains. Karlof s'en étonne auprès de Kladia, une jeune femme, une tueuse chargée d'éliminer les enfants qui mutent.
La mutation est latente malgré les vaccins. « Le mal s'est répandu, il est dans l'air que l'on respire, dans l'eau que l'on boit... » La planète entière est infectée.
Hadron est enceinte des œuvres de Boso 1. Quel peut être le fruit du croisement entre une humaine et un mutant ? Boso veut reprendre ce qu'il considère comme son trésor. Medina a-t-elle encore les moyens de résister ?
Jean Dufaux propose une nouvelle histoire en trois tomes dont le thème se construit autour d'une mutation. Les humains se transforment, peu à peu, en drax. Aux yeux de ceux qui ont conservé leur intégrité, il faut détruire les mutants. Cependant, avec un scénariste qui n'apprécie pas le manichéisme, il faut s'attendre à une large réflexion sur l'évolution, sur la cohabitation entre deux peuples de la même origine. On retrouve également des interrogations écologiques et, en filigrane, le questionnement de l'auteur sur la déité, sur ces religions dont les fondements ont des airs de ressemblances marquées, mais qui se déchirent.
Dans une préface, Jean Dufaux explique que Medina est née de la lecture d'articles sur les travaux menés au Centre Européen pour le Recherche Nucléaire. Là, des physiciens « s'amusent » à provoquer de microscopiques « Big-bang ». De cette apocalypse sortira sans doute une ou des nouvelles particules. Les Drax sont-ils les nouvelles particules de l'humanité ?
On savait que Jean Dufaux travaillait, ciselait, jusqu'au vertige, les histoires qu'il nous raconte. Cette préface lève un coin du voile sur le cheminement d'une imagination particulièrement inventive.
L'auteur, avec cette série, délaisse quelque peu les paragraphes trop explicatifs, les dialogues pour se concentrer sur l'essentiel et laisser une large place à l'action.
Cette volonté est relayée de belle manière par Yacine Elghorri qui assure dessins et couleurs. Celui-ci réalise une mise en page aux cadrages inventifs rehaussés par de larges à-plats de couleurs simples et brutales. Ce créateur s'est nourri des pages de Métal Hurlant où paraissaient les récits de Moebius, Corben... et Giger. D'ailleurs, certains Drax n'ont-ils pas une ressemblance appuyée avec un Alien bien connu des cinéphiles ?
Les Drax, ce premier album, augure une nouvelle série au thème attrayant qui s'inscrit comme une excellente surprise de cette fin d'année.
Serge Perraud
nooSFere
20/10/2010
| 
