Tiburce Oger échappe à l'univers morbide de Gorn, d'inspiration plutôt médiévale, pour aborder cette fois le western. Dès les premières planches, nous voici plongés dans l'univers familier des cow-boys et des indiens, avec quelques « figures imposées » comme la scène classique où un enfant assiste, impuissant, au massacre de ses parents, ou encore celle où le héros apprend à se servir d'un révolver.
Mais le scénario se démarque vite des clichés du genre pour prendre un tour beaucoup plus original, où le fantastique a la part belle. Détenteur de pierres magiques, capables de libérer des « anges » protecteurs, le jeune Nathanaël se trouve ainsi confronté à une mystérieuse légende indienne...
Les qualités de scénaristes de Tiburce Oger étaient déjà connues, mais elles se confirment dans cette nouvelle série, tout autant imprégnée de nostalgie et de romantisme que l'était Gorn. L'un des points forts de ce récit subtil est qu'il échappe à tout manichéisme : chacun des protagonistes agit pour une cause qui lui paraît noble, tel l'indien qui veut venger son fils mort de la rougeole apportée par les blancs — mais qui tue à tort le docteur, le seul blanc qui a cherché à l'aider — ou tel le sudiste qui défend son territoire et s'étonne d'être considéré comme un esclavagiste alors qu'il ne possède que sa selle.
Le graphisme, aussi sombre, tourmenté et contrasté que celui de Gorn — avec cependant quelques planches lumineuses rehaussées par des couleurs profondes — accompagne à merveille l'intensité dramatique de ce récit initiatique.
En somme, nous avons changé de décor sans perdre les qualités qui ont fait le succès de la précédente série, ni même cette tonalité noire et romantique qui la caractérisait. Un bel album qui comblera les amateurs de western fantastique.
Pascal Patoz nooSFere
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