Un pacte historique a été signé entre les hommes et les bêtes pour mettre fin à la guerre ancestrale. « Poils » et « Peaux » veulent cohabiter. Pour sceller cet accord, Maître Arcan et Loup-de-Traille marient leurs enfants : Aube, la belle vierge, et Loup-de-Feu, le valeureux. Mais, cette union répugne à la jeune fille. Avec l'aide de son frère, elle frappe Loup-de-Feu sur le lit de noces. Traquée, elle parvient à se réfugier dans le Bois des vierges, un lieu considéré comme maudit par tous.
La guerre fait rage à nouveau. Les pertes, dans les deux camps, sont considérables. Sur le champ de bataille, Loup-gris recherche Hache-Pierre, le mercenaire. Griffe-Tout, le capitaine des lynx dit l'avoir vu s'enfuir avant la fin des combats. C'est lui qui est chargé, au nom des animaux de Haute et de Basse Taille, de dicter leurs conditions aux humains. Ceux-ci doivent détruire toutes les armes, accepter la préséance des animaux dans tout le royaume et ne plus chasser.
Hugo, le messager, a retrouvé Clam, le tueur de loups, dans son repaire, là où il peut cacher sa malédiction. Ce dernier le prévient de ne pas s'étonner de ce qui peut se passer dans la nuit et surtout de ne pas ouvrir la porte de sa chambre. Il raconte aussi son amour impossible pour une jeune femme qu'il a sauvée et qui a fui devant lui. Hugo réussit à savoir qu'il s'agit d'Aube. Alors que Clam la croyait morte, selon les dires de son père, le messager lui révèle qu'elle est vivante et dans le Bois des vierges. Il montre aussi une lettre de Maître Arcan qu'il doit remettre à la jeune fille. Clam la sait en danger et se propose de la lui porter affirmant être le seul à pouvoir rester vivant dans le bois, un lieu où la situation a changé sous l'influence de Pan et où les jeunes filles ne sont plus les bienvenues.
La plume de Jean Dufaux ne se repose jamais. La curiosité de son directeur est si aiguisée qu'elle est forcée d'explorer et de coucher sur le papier, des univers toujours différents.
Avec Le Bois des vierges, elle écrit un conte nourri de nombreuses références aux textes des grands anciens de ce domaine comme Perrault, Andersen, Grimm... Cette plume exprime une constante que l'on retrouve à la fois chez les conteurs et chez son directeur : la différence, la difficulté d'accepter celle-ci et le rejet qui s'en suit. C'est un thème universel qui interpelle tous ceux qui y sont sensibles, sachant que les contes ne sont que les transcriptions écrites d'une tradition orale populaire. Cette différence, qui peut prendre tant de formes, se focalise, dans cette trilogie, sur l'humain et la bête, sur la peau et le poil. Mais cette différence et la peur qu'elle inspire existe aussi en un même individu. Chacun ne porte-il pas en lui l'esprit d'un animal ?
Dans ce second tome, la plume retranscrit l'insistance de l'auteur sur cette dualité, par la rencontre entre Aube et Clam, un personnage double qui synthétise à lui seul la différence, haïssant, rejetant chacune de ses personnalités. Elle introduit, également, une large part de créatures mythologiques, toutes singularisées par la dichotomie humain-animal.
Le Bois des vierges est le creuset du rejet personnel, tempéré par la présence d'icônes, de ces jeunes femmes n'ayant jamais eu qu'une seule unité, n'étant pas « souillées » par le contact d'une autre « race ».
Le dessin et la mise en couleur de Béatrice Tellier se passent de commentaires. Ils se regardent, s'admirent sans mot dire pour ne pas troubler la magie de l'instant. Les moments magiques sont si rares qu'il ne faut pas les gâcher.
Loup, le second tome du Bois des vierges, confirme une série d'exception !
Serge Perraud
nooSFere
03/02/2011
| 
