Kriss se réveille dans des locaux somptueux, entourée de guerrières. L'une d'elles lui fait comprendre qu'elle est morte et la mémoire lui revient sur ses derniers instants. Elle est soulagée d'apprendre que son fils, et tous les autres sont saufs. La guerrière est au tribunal des Walkyries, pour être jugée par la déesse Freyja. C'est elle qui doit déterminer si Kriss est digne du Walhalla. Cependant, elle pose un problème à la déesse car, si son dernier combat était un acte de pure bravoure, sa vie ne fut qu'égoïsme, fourberies, tromperies, vols, meurtres, massacres... Pour comprendre, Freyja veut tout savoir de son enfance.
Et le guerrière raconte sa lutte quotidienne contre la faim, les brutalités de Ferkel, le compagnon de sa mère depuis que Kahaniel de Valnor, son père, est parti, il y a douze ans. Elle parle de l'esclavage des deux femmes, et de sa libération quand sa mère s'est suicidée et qu'elle a pu réaliser son rêve, tuer Ferkel.
Elle revient sur sa vie solitaire, sans moyens ni toit, jusqu'à sa rencontre avec Sigwald-le-Brûlé. Elle expose la recherche de la fille de ce dernier, enlevée...
La mode du spin off ou de la série dérivée ne date pas d'hier. Nombre de feuilletonistes du XIXè siècle en ont usé sous d'autres appellations. Il est vrai que le parcours du héros, dans une vaste fresque l'amène à des rencontres diverses, indispensables à l'intrigue. Intégrer ces personnages, les étoffer n'aurait d'autres effets que d'alourdir la trame.
C'est, animées de cet état esprit, que les Éditions du lombard entreprennent une large exploration de l'univers de Thorgal. Ces nouvelles séries débutent avec le personnage le plus énigmatique, le plus ambigu, à savoir la belle et cruelle Kriss de Valnor.
C'est Yves Sente qui, ayant déjà repris les scénarii de la série mère, se charge de faire découvrir le passé de l'héroïne par le biais d'un procès posthume.
Il semble que le scénariste ait à cœur de respecter la saga initiale en ne renvoyant pas l'héroïne sévir à nouveau vers Le Fils des étoiles. Il la considère comme morte et lui offre une seule alternative entre le Walhalla ou l'errance sans fin dans les brumes glaciales du Niflheim.
Une enfance très malheureuse peut-elle expliquer, excuser, une vie d'adulte scélérate ? Telle est la question fondamentale, et bien d'actualité, que pose cette histoire.
Rosinski a fixé, pour le graphisme, des règles du jeu. Le premier à s'y confronter est Guido de Vita dont on peut admirer le dessin élégant dans des séries comme Wisher (Le Lombard) et James Healer (Le Lombard). Cependant, pour le présent album, il se coule dans un moule et se rapproche du style du créateur. Il réalise une mise en images qui se fond avec celle de Thorgal et donne, ainsi, une unité à l'ensemble. Il faut saluer la performance tout en constatant l'évolution de Guido entre les trois tomes de James Healer et le quatrième volume de Wisher, un changement qui va dans le sens « Rosinski ».
Je n'oublie rien augure, pour les nombreux amateurs de la saga de Thorgal, d'extensions passionnantes et pour les autres, un album qui se lit indépendamment et qui offre une histoire dure, âpre, mais d'un grand intérêt.
Serge Perraud nooSFere 14/12/2010
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