L'action débute en 64 après la naissance du Christ. Julius Publius Vindex a écrasé la révolte d'Alexandrie. Les juifs survivants ont le choix entre devenir les esclaves pour Rome ou : « ...brûler pour éclairer la gloire des banquets de l'Empereur ! » Puis, il demande aux Chrétiens de se lever, leur proposant un décès prioritaire, puisqu'ils ne craignent pas la mort. A moins qu'ils renoncent à leur « messie » en s'agenouillant. Parmi les neuf qui restent debout, il choisit un homme.
Julius revient à Rome, qui lui fait un triomphe. Il y retrouve Livia, sa fille adorée, qui l'attend parmi la plèbe et non dans la tribune officielle. Le soir venu, après le banquet, il rejoint quelques invités à qui il expose son plan pour éradiquer les Chrétiens de Rome. Livia, qui surprend ses paroles, ne peut accepter pareil projet. C'est en rentrant d'une visite au sénateur, commandant la garde prétorienne, à qui il a refusé de prendre le pouvoir, que sa fille l'enjoint à fuir. Elle a écrit à l'Empereur pour dénoncer le complot.
Pour Julius commence une longue descente aux enfers, en compagnie du Chrétien qu'il avait choisi à Alexandrie, pour être la pièce maitresse de son plan. Après la prison, la galère, c'est la mine de soufre de Siddim...
La publication du Troisième Testament a provoqué un choc dans la Bande Dessinée historique. Elle a initié, puis renforcé la vogue des thrillers ésotériques et l'attrait pour le Moyen-Âge. Les auteurs ont mis en place, dans cette série parue entre 1997 et 2003, toute une mythologie autour du livre caché d'un prophète oublié : Julius de Samarie. Ce dernier, auteur d'un Troisième Testament, a reçu la parole du Christ, mais a décidé de la dissimuler aux yeux des hommes.
L'idée d'une « préquel » ne s'est pas imposée immédiatement. Les auteurs savaient que les quatre albums seraient insuffisants pour faire le tour du sujet, mais ils ne voulaient pas d'une suite aux aventures de Conrad de Marbourg. Par contre, revenir aux sources, faire vivre le personnage qui traverse, en filigrane, la série initiale, le faire évoluer dans un péplum, qui n'est pas sans rappeler le souffle et la puissance des Dix commandements, séduit les auteurs.
Ils concoctent le parcours d'un homme, persécuteur des juifs et des chrétiens qui ira vers la découverte d'une foi qu'il commence par honnir.
Pour qu'il existe, du point de vue graphique, une parenté de narration entre les deux séries, Alex Alice (qui réalisa le dessin du Troisième Testament) assure le découpage et le story bordage. La mise en page et le dessin définitifs sont assurés par Robin Recht dont la générosité du trait convient parfaitement à une représentation monumentale, à grand spectacle, qui souhaitaient les auteurs.
Un album remarquable, grandiose, d'une puissance d'évocation sans pareille autour d'une thématique universelle, l'éveil d'une foi chez un individu...
Serge Perraud nooSFere 19/01/2011
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