Xtalassar, l'entité aux milliers de personnalités, a avalé Lars, puis elle s'est mise à tout casser dans l'Intersection 55, en massacrant les agents de sécurité. Derec Finn et Rhea, accompagnés de Diane, la Sentinelle étoilée, de Jarmille, une fourmi géante et du Dr Larkam, s'engagent vers la vieille ligne des Mystères pour appliquer le plan du docteur. Celui-ci veut invoquer le Picte et remonter à la source qui neutralise les émotions des Mohairs, permettant, ainsi, le fonctionnement des intersections.
Pendant ce temps, le chef Mauer part à la recherche de Kess et Sheri à la rencontre de Xtalassar, son client. Attaquée par la vigne infernale, Sheri est sauvée par des Canapéens qui ont retrouvé leurs couleurs et leur feuillage. Elle réussit à calmer son client, mais les dégâts sont considérables. L'intersection 55 n'est plus que ruines.
Le petit groupe arrive au cœur des Mystères, dans une gigantesque forêt vierge. C'est un autre monde régi par une physique différente...
Serge Lehman évoque un réseau de portes spatiales à la dimension de la Voie Lactée, mais concentre son intrigue sur la seule Intersection 55. Il continue à construire son récit tout en continuant à « détruire » le décor de son histoire avec des intervenants qui saccagent les installations, s'en prennent aux fondements de cette société. Il a conçu un univers où les sentiments doivent être jugulés, étouffés, pour pouvoir faire fonctionner l'ensemble. Cette vision, décalée dans un futur très lointain, s'inspire pourtant d'une situation bien actuelle. N'est-ce pas une parabole sur l'état de notre société où les sentiments doivent être complètement exclus, où la moindre trace d'humanité doit être bannie, tant dans les lieux de travail que dans l'existence quotidienne. Toute civilité est caduque. Seul le gain immédiat et son propre avantage comptent.
L'auteur aborde également nombre des aspects de l'être humain depuis ses croyances, le développement d'une foi basée sur le besoin de se rassurer, d'espérer un avenir meilleur. Dans ce domaine aussi l'auteur stigmatise un clergé qui se dit l'intermédiaire d'une déité pour l'exploitation du croyant et la mainmise sur son libre arbitre.
On peut mesurer « le métier » de l'auteur quand on sait qu'il a débuté son histoire et confié les prémices de son scénario au dessinateur sans un plan préalable, sans un découpage initial. Du grand art, M. Lehman !
Le décor de l'Intersection 55 est magnifiquement rendu par le graphisme de Jean-Marie Michaud. Le dessin est impressionnant, non en terme de rigorisme par rapport à des normes classiques, mais en terme d'inventivité et d'expression. Celui-ci sait mettre en images, les visions humanitaires et titanesques du scénariste. La galerie des personnages est fort attrayante avec une stabilité remarquable, tant pour les différents plans des visages que pour les monstruosités qui animent le paysage. Le créateur excelle aussi bien dans le décor technologique que dans celui de la nature.
Le troisième, et dernier tome, est particulièrement réussi, avec une conclusion très humaniste. La saison de la coulœuvre est une série remarquable.
Serge Perraud nooSFere 03/03/2011
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