Le Waverly Hills Sanatorium de Louisville est l'un des établissements les plus réputés des Etats-Unis pour le traitement de la tuberculose. Cependant, malgré les soins, soixante mille personnes y sont décédées au siècle dernier.
C'est dans cet hôpital que Doris Greathouse, lors de l'été 1951, amène Cora, sa petite fille. Elle connaît bien l'établissement, elle-même a été soignée à l'âge de onze ans. Cependant, des événements inquiétants viennent troubler le traitement. Cora devient sujette à des hallucinations, des visions terrifiantes que le neurologue décide de traiter par électrochocs. Malgré cela, la petite fille voit des personnes mortes depuis plusieurs années, un tunnel de la mort et entend le bruit d'un train. Doris se souvient qu'elle aussi entendait, en s'endormant, le bruit du train qui ravitaillait l'hôpital.
N'ayant pas les moyens de payer les frais et les soins, Doris se fait embaucher comme infirmière. Elle rechute, tousse beaucoup et crache du sang.
Mort blanche, le troisième et dernier tome de la série, débute quand Doris regagne le Waverly Hills pour prendre son service. Troublée par les révélations du journaliste qui accuse la direction de l'hôpital de malversations, elle décide de vérifier la nature des médicaments qu'elle distribue aux malades. Profitant de l'absence du Dr Severs, elle entre dans son bureau et consulte des ouvrages de références. Il la surprend et tente de la violer. Elle fuit, laissant sa fille entre leurs mains sanguinaires...
Christophe Bec qui revient régulièrement sur des thèmes touchant à la noirceur et à la mort, ne se retient pas dans cette série. Basée sur un fait réel, son intrigue comporte tout ce qu'il faut d'éléments fantastiques et angoissants pour créer un malaise durable. Il décrit un lieu parfaitement sinistre avec cet hôpital des années 1950, pourtant identiques à ceux qui existaient à l'époque. Il instille une ambiance lourde de menaces, multipliant les sources de dangers, des périls que l'on pressent sans pouvoir les identifier. Dans ce troisième tome, cependant, l'auteur va plus loin, doublant l'inquiétude et l'ambiance angoissante avec une profusion de sexe, de sang et de violence.
Le scénariste joue sur plusieurs niveaux avec son héroïne. Dans un premier temps, il place celle-ci dans une situation d'incompréhension, voire de refus. Elle connaît les lieux et a bénéficié de soins efficaces sans drame. Puis, il met sur sa route les éléments de doute, les parcelles d'informations, les recoupements qui l'amènent à remettre en question sa vision.
Christophe Bec peint les méchants vraiment mauvais, relayé en cela par Stefano Raffaelle qui donne à ceux-ci des expressions exagérées, sans nuances.
Cette atmosphère oppressante est soutenue par le dessin réaliste de Stefano Raffaele. Ce dernier, s'il signe quelques pages magnifiques, surtout celles de décors, a une représentation des personnages plus erratique. Les visages ne sont pas toujours identifiables, manquent de naturel, avec des expressions poussées à l'extrême.
Mort Blanche clôt de façon paroxystique une série dont on attendait, cependant, une chute plus conforme à l'esprit instillé au début.
Serge Perraud nooSFere 24/05/2011
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