Yoshiko est une jeune fille assez gentille (naïve ?) pour rendre régulièrement visite à son oncle, un quarantenaire cloîtré sans raison apparente dans un immeuble de haut standing. C'est lors d'un passage chez cet oncle en compagnie de ses amies que Yoshiko va se retrouver piégée à la suite d'un cataclysme.
Ne vous fiez pas à sa couverture : Sprite n'appartient pas à cette catégorie de mangas mettant en scène une énième lycéenne chasseuse de démons armée d'un katana (ou ici, d'un... tuyau). En réalité, Sprite est un huit clos étrange, dont l'intrigue trouve un écho troublant avec les récents événements survenus au Japon. Au Pays du Soleil Levant, les tremblements de terre sont monnaie courante et Hiroshima reste un souvenir vivace, il n'est donc pas rare de trouver des destructions à grande échelle utilisées comme ressort dramatique dans les mangas (cf. Akira), mais la proximité de cette publication (2010 au Japon) avec le drame de Fukushima ressemble à un sinistre présage. En outre, inspiration forcément consciente cette fois, il est difficile de ne pas voir en Sprite une résonance aux événements du onze septembre 2001, avec ses personnages coincés dans un immeuble et sa pluie de « neige noire »...
Tout cela contribue à laisser une impression douce-amère au lecteur, immergé dans une atmosphère oppressante et dérangeante dans le même esprit qu'un manga comme L'Ile de Hôzuki, pour vous donner une idée. Les deux œuvres partagent en effet un même point commun : il est difficile de deviner où l'auteur souhaite en venir, car l'oncle de Yoshiko semble en savoir plus qu'il ne laisse paraître, et un étrange parallèle s'installe entre la quête de survie des personnages et le MMORPG qu'ils ont l'habitude de pratiquer... Ajoutez à cela de superbes dessins très fouillés au niveau des arrière-plans, et Sprite se révèle être un manga à suivre de très près.
Florent M. 23/07/2011
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