— Ces deux diablesses seront pendues sur la place de l'église sitôt la potence construite. N'y a-t-il pas meilleur événement pour célébrer cette fin de construction ? Ces sauvages verront qu'on ne joue pas impunément avec le prestige de la race blanche ici-bas !

     — Gouverneur, sauf votre respect, tuons-les au plus vite ! Ne prenons pas le risque d'en faire des martyrs et de donner à d'autres l'idée de se rebeller.

     — Pfffu... La mise ne scène est un art qui vous échappe totalement, mon cher. Il s'agit justement de marquer les esprits, faites-moi confiance.
 

     Dans l'Afrique du 17^e siècle, l'esclavage va de soi et le commerce du « Bois d'ébène » bat son plein.

     Deux femmes, Perle et Blanche, vont s'élever contre cette pratique. Usant des pouvoirs du vaudou, de capacités physiques remarquables, elles attaquent les bateaux chargés de ces malheureux, les délivrent au grand dam du Gouverneur.

     Lorsque commence le second tome, celui-ci est excédé par cette situation. Il a convoqué William, un ethnologue, et Anton, le responsable de la sécurité. Il charge le premier de démontrer que le vaudou est une mascarade et le second de ramener la tête de Blanche, accusée d'avoir tué un noble, dans le palais même.

     Anton rencontre un sorcier qui le délivre d'un sort et lui livre des éléments pour retrouver Blanche. William convainc son petit esclave noir qu'il doit rencontrer la jeune femme.

     Les deux recherches se rejoignent, hélas ! Les deux jeunes femmes sont capturées, emprisonnées et condamnées à la pendaison.
 

     Sébastien Floc'h retient, pour construire le scénario de son dytique, deux sujets qui vont souvent de pair : l'esclavage et le vaudou africain. S'il évoque les mauvais traitements subis par les noirs, l'esclavage reste, pour le récit, un cadre, la base d'un récit d'aventures exotiques. Le scénariste s'imprègne de l'esprit de l'époque où l'esclavage reste, pour la majorité des individus, une situation presque normale. Ceux qui s'élèvent contre cette exploitation, ne dénoncent que les mauvais traitements et non la condition. Ne fait-il pas dire à l'un de ses personnages : « Utiliser ces esclaves pour la plantations aux Amériques est essentiel, mais ne pouvaient-ils pas être un minimum mieux traités. »

     L'intérêt du scénario réside dans la vivacité des actions et dans leurs enchainements. Le vaudou est très présent et donne, à ceux qui peuvent l'utiliser, des capacités peu communes. Les caractères sont peu fouillés, l'action étant le moteur de l'histoire.
 

     Le dessin a été confié à Laurence Baldetti. Celle-ci rend tout le dynamisme du scénario avec des personnages aux traits remarquables. Elle brosse une galerie de protagonistes aux traits élégants et racés, avec tout ce qu'il faut d'expressions dans les regards. Les décors sont soignés et l'ensemble forme des planches fort agréables à regarder.
 

     Perle Blanche est un diptyque, dont le thème surfe sur la repentance, mais qui propose une histoire tonique tant dans l'écriture que dans la mise en images.