L'hypothèse soutenant qu'une matérialisation du « temps » aurait emporté Sû et ses compagnons devient de plus en plus fondée. Le doute ne semble plus permis quand, arrivée dans son foyer qu'elle retrouve délabré, Kiriko découvre plusieurs cahiers laissés par sa mère disparue à son intention et relatant depuis 2008 les événements des 60 dernières années...

     C'est désormais avéré : les protagonistes de Sprite ont accompli malgré eux un bond de soixante ans dans le futur. Kiriko, l'une des amies de Yoshiko, décide de retrouver sa maison familiale et y fait la découverte d'un document lui confirmant ses doutes : soixante ans auparavant, une apocalypse a plongé le monde dans le chaos, et cet inexplicable bond temporel lui a permis, à elle et ses amies, d'échapper à la catastrophe. Sous un abord mystique, Sprite révèle donc son vrai visage, celui du genre post-apocalyptique. Les personnages évoluent dans un monde dévasté, avec cette originalité : ils ignorent tout de la nature du drame ayant provoqué la fin du monde, puisqu'ils ne l'ont pas vécu.

     Avec ce troisième tome les choses se compliquent un peu, et l'intrigue n'est pas toujours évidente à suivre, avec ses allers-retours entre présent et passé. Sprite se mérite, et il est parfois nécessaire de relire plusieurs fois certains passages pour comprendre les tenants et aboutissants de cet imbroglio temporel. En tout cas, on ne pourra pas reprocher à l'auteur de faire piétiner son histoire : ça avance, les événements affluent, et le rythme contemplatif est régulièrement « cassé » par des scènes d'action.

     Sprite confirme donc les attentes que l'on pouvait placer en son intrigue et son atmosphère intrigantes. Visiblement, l'auteur sait ce qu'il fait, et compte bien nous mener, quand il le souhaitera, vers un horizon connu de lui seul.