En Europe centrale, après la seconde guerre mondiale, Sarah et quelques enfants sont regroupés dans un orphelinat. Ces enfants, victimes d'un étrange virus, sont soignés dans des conditions tout aussi étranges.
Après les révélations du second tome, où Sarah apprend l'incroyable réalité, elle décide de rester avec Simon. Demian, et les lycanthropes prennent possession du manoir avec l'aide d'un docteur, un traitre à la cause humaine. Tous les occupants sont tués et les monstres prisonniers sont délivrés, bien décidés à ne plus jamais se laisser enfermer.
Simon et Sarah, se retrouvent face àun choix. Est-ce possible de négocier avec Demian ? Que faire pour atteindre, au cœur du manoir, le coffre verrouillé où se trouve un antidote qui aurait pour effet d'annihiler les mutations...
Mainte fois reportée, la parution de ce troisième tome était très attendue. Dans cette trilogie, David Munoz explore les limites, les frontières toujours floues entre humanité et monstruosité, entre bien et mal, entre une science utilisée pour sauver des vies ou... pour en détruire. Il pilote une histoire sombre et complexe où chaque intervenant porte deux, voire trois, personnalités plus ou moins maléfiques, ou chacun possède sa part d'ombre. Tous, cependant, mènent une guerre pour la suprématie de sa race ou de son idéal.
Récit d'abord fantastique, Le Manoir des murmures raconte la découverte d'une vérité par une fillette, sa filiation, et le choix qu'elle doit opérer. Il relate également la guerre que mènent l'homme, les vampires et les lycanthropes unis contre le genre humain, un genre qui, lui-même, fait la part belle à la monstruosité.
Ce troisième volet présente une intrigue trépidante où le scénariste offre une version moderne de la guerre des monstres, s'interroge sur la différence, sur l'apparence, sur la mutation. Il introduit un antidote (réel ou frelaté) qui permet de rester caché, de présenter une apparence de normalité. Mais où se place la normalité ? Ce tome trois redonne aussi la vedette à Sarah que l'on voit évoluer, elle aussi et se déchire entre deux camps, deux factions dans lesquels elle a des êtres qui lui sont chers.
Le graphisme de Tirso est toujours très efficace dans la représentation de personnages étonnants, de décors grandioses. Il donne des perspectives intéressantes de combats (nombreux) de batailles (destructrices). La mise en couleurs signée par Javi Montès intensifie cette atmosphère sanglante, ces ambiances sombres et nocturnes, rendant certaines scènes particulièrement efficaces.
Le triptyque, Le Manoir des murmures se termine sur une fin ouverte. Pourquoi ne pas laisser surgir un nouveau rameau, déporter ailleurs la malédiction humaine ?
Serge Perraud nooSFere 02/10/2011
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