Sur la Grand-Place d'un village, près du puits, un vieux troubadour bat le rappel. Il va conter comment, dans la ville dont il est originaire, les parents devinrent orphelins de leurs enfants.
Tout a commencé en mai 1284, quand la populace est réunie pour le jugement, par le bourgmestre, d'un cochon accusé d'avoir mangé un enfant. Mais, les habitants sont confrontés à la multiplication des rats, un véritable fléau. Lors de l'exécution du porc qui, soumis à la question avait avoué, des habitants vindicatifs demandent à être débarrassés des rongeurs. Le bourgmestre s'engage à trouver une solution et lance un appel dans tout le pays. La tension s'accroît quand un homme est dévoré par les rats. Après quelques expériences sans effet ni suite, un homme se présente, demande à étudier l'ampleur du problème. Puis, il affirme pouvoir débarrasser la ville de la calamité contre... un prix élevé !
Alberic, un jeune homme courtise la belle Eva. Ses parents veillent sur elle et il doit user de ruse pour l'approcher.
L'homme délivre la ville des rats. Mais les notables refusent de lui payer la somme demandée, sur laquelle ils avaient pourtant donné leur accord. De plus, ils le font chasser de la ville.
André Houot s'inspire du célèbre conte rapporté par les frères Grimm sous le titre Der Rattenfänger von Hameln (L'Attrapeur de rats de Hamelin). Ce conte se base sur une réalité qui peut s'expliquer de diverses façons. La plus plausible reste celle d'un recruteur ayant convaincu nombre d'enfants de partir vers les territoires de l'est qui restaient à peupler et à développer. Le scénariste apporte sa propre sensibilité pour construire un récit cohérent, attrayant, et fidèle aux grandes lignes de la légende.
Le scénariste élabore une galerie de personnages tout à fait appropriée aux lieux et à l'époque. Il propose la vision d'un Moyen-Âge conforme à l'idée qu'on s'en fait. Il appuie son récit sur les superstitions qui se développent dans des populations où règne l'ignorance. Il dénonce, à travers cette histoire, les violences faites aux enfants, victimes innocentes des conflits des adultes quand ils ne sont pas otages de batailles religieuses ou autres.
Ce conte contient également une morale sur la valeur des promesses des dirigeants et leur capacité à se renier. Imaginez que l'on puisse, à l'image du joueur de flûte, punir les gouvernants et les politiciens qui ne tiennent pas les engagements sur lesquels ils se sont fait élire !
Avec son trait hyperréaliste, il donne des planches magnifiques aux décors superbes, restituant aussi bien le luxe des maisons que la saleté des rues, la richesse des costumes des notables que les hardes des miséreux. Il donne expression et sentiments dans des portraits d'une grande exactitude, remerciant d'ailleurs, dans son introduction, les personnes et amis qui ont servi de modèles.
Il faut également signaler le travail sur les couleurs de Jocelyne Charrance, qui sait faire chanter les accords chromatiques, illuminer des dessins précis, d'une grande beauté.
Bien que les grandes lignes de cette histoire soient déjà bien connues, on a beaucoup de plaisir à lire Hamelin pour son contenu et pour sa mise en images. De plus, André Houot ajoute une chute de son cru.
Serge Perraud nooSFere 04/11/2011
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