Avec Contagion, le but avoué du scénariste, le romancier Charlie Huston, est de pousser le facteur de guérison de Wolverine dans ses derniers retranchements. Capturé par un fou capable de générer toutes sortes de maladies dégoûtantes, à la tête d'une bande de mutants tous cinglés dont le point commun est de posséder un pouvoir de guérison leur conférant l'immortalité, Logan est en effet confronté à une accumulation de tortures dans cette histoire incroyablement gore (quand on se souvient des raisons pour lesquelles Fantask fut censuré en son époque, on ne peut que saluer les progrès de la liberté d'expression dans les comics !). Jamais Wolverine n'aura été soumis à pires sévices, sauf peut-être avec Garth Ennis ou dans l'album Logan (où il survit à une explosion atomique), à tel point que le lecteur pourra ressentir une overdose de provocations gores assez écœurantes accentuées par le souci du détail du dessinateur, l'excellent Juan José Ryp.
Heureusement, il y a une histoire. Certes alambiquée, pas toujours cohérente ou facile à suivre, mais tout de même assez développée pour ne pas limiter le scénario à une accumulation de scènes trash. Et puis surtout, des personnages. Frappadingues, comme nous l'avons dit, mais dotés d'une réelle personnalité. Finalement, Wolverine est le personnage le moins intéressant de l'intrigue, car relégué à l'état de cobaye malmené. Charlie Huston, à la manière d'un Garth Ennis, ne respecte rien ni personne, et surtout pas les super-héros ou les classiques du genre, égratignant au passage le Killing Joke d' Alan Moore et les histoires faisant la part belle à la psychologie. Le scénariste a choisi son credo : du sang, du sexe et des gros mots : de quoi divertir, c'est déjà beaucoup.
Florent M. 21/01/2012
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