Darko est l'élu d'une prophétie. Il est celui qui ramènera les Titans afin de rétablir la vraie Lumière.

     Pour mener sa quête, il est entouré d'Urfold, son oncle, de Sleilo, sa sœur, ainsi que de Tara. Cette guerrière qui, malgré son jeune âge fut Paladin Général, a compris où était la Vérité et a juré d'assister Darko jusqu'au terme de sa quête.

     Initié à la magie des Pierres, il reçoit un bracelet qui lui permet d'invoquer Ghörg, un démon du neuvième cercle. Mais, il ne peut le mobiliser qu'une fois par lunaison.

     Après avoir traversé les cinq royaumes et leurs forêts, le petit groupe est en route pour franchir les Montagnes Dorsales et atteindre les terres où seraient réfugiés les Titans de Lumière.
 

     Le tome, Les Dents de pierre, débute avec la mort de religieux refusant de s'associer à Kamphre le sorcier, alors que les héros affrontent le froid, la neige sur la voie suivie par les Titans. Hypnotisée par tout ce blanc, Sleilo, inconsolable de la perte de Bynöod, son amour, dirige sa monture vers l'abîme. Trempés, après l'avoir sauvée de justesse, ils arrivent à Rük, le dernier village humain avant le Néant. Pour gagner leur place dans la maison commune et de quoi manger, ils jouent les saltimbanques. Sleilo, prise d'un malaise, est soignée par le shamann. Il lui révèle Bynöod qui veut quitter l'entre deux mondes. Mais Sleilo ne l'entend pas ainsi. Elle est prête à user de forces maléfiques pour attendre son but.

     Aussi, quand ils sont capturés par les Klaoptèques, un peuple parmi les plus sanguinaires qu'Opale ait jamais porté.
 

     Le scénariste reste sur son terrain préféré, à savoir l'animation d'un antihéros, d'un individu modeste qui, par un coup du sort, se découvre chargé d'une mission extraordinaire. Et Christophe Arleston excelle dans l'animation de ce genre de personnage. Darko, c'est Lanfeust sur une planète couverte de forêts avec tout ce que cela implique comme mode de vie, comme faune et flore, hostile ou non. Il est accompagné, également, d'une ravissante brune et d'une, non moins séduisante, blonde.

     On peut penser que les récits de sauvetage de peuples, de mondes commencent à devenir répétitifs, d'autant qu'on a, tous les jours à la télévision, un « héros » vantant avec esbroufe ses soi-disant exploits. Mais, la tonalité de l'histoire approchée avec un angle innovant, l'inventivité des situations et des péripéties, emportent l'adhésion.

     Cependant, un des points les plus attractifs est la charge de l'auteur contre les intégrismes religieux, sa mise en cause des religieux confisquant une morale à leur seul profit. Et Christophe Arleston n'y va pas de main morte dans la description de ce clergé vénal dont l'unique préoccupation est la mainmise sur les avantages matériels, avantages obtenus en opprimant le peuple par la peur et la violence.

     Si le scénariste avait déjà exprimé cette défiance vis-à-vis de ce type de religieux dans nombre de ses récits, celle-ci n'avait jamais été exprimée avec autant de clarté.
 

     Cette histoire est mise en images par Philippe Pellet qui réussit, avec son trait réaliste, à créer une galerie de monstres spécialement étonnants et hideux dans des décors d'une grande beauté. Mais, il sait donner corps, particulièrement dans cet album, aux compagnes du héros. Son travail, sur la mise en scène, sur la mise en relief des rebondissements, sur les plans panoramiques et rapprochés, est remarquable. Philippe Pellet se révèle comme un dessinateur de grand talent.
 

     Les Dents de pierre conforte l'attractivité de la série par son graphisme séduisant et par un scénario qui, bien que très classique, est traité avec savoir-faire et de façon intéressante.