À Paris, en 1860, un homme essaie, avec l'aide d'un « baron », d'escroquer quelques badauds au jeu du bonneteau. Un agent intervient. Mais sa moustache postiche, mal collée, révèle le visage d'une jeune femme. La foule les prend à parti et en rosse deux d'importance, le troisième réussissant à se mettre à l'abri.

     Nelson et Jenny décident de mettre fin à leur association calamiteuse avec Jean-Jacques et repartent pour Londres monter un spectacle d'illusionnisme. Jean-Jacques reste à Paris pour se lancer dans le spiritisme où son talent de ventriloque pourrait faire merveille.

     Dans un petit cabaret, le couple présente, entre autres, un numéro de disparition. Mais, un soir, l'enfant mis dans la malle, disparait réellement. Personne ne comprend comment. Seule subsiste, au fond de la boite, une étrange pierre noire que Nelson prend machinalement. Alors que Jenny va être lynchée, il échappe à ses poursuivants en se réfugiant sur un paquebot.

     Découvert en mer, il propose de payer son passage en donnant des spectacles. C'est là qu'il réalise qu'il est capable de faire vraiment de la magie...

     Jean-Jacques, après de nouveaux déboires à Paris, arrive à Londres et s'attache à aider Jenny, condamnée à la prison à vie.
 

     Le monde de l'illusionnisme, de la magie, fascine les foules depuis toujours. Mais paradoxalement, peu d'auteurs, tant littéraires que cinématographiques, retiennent ce sujet. Est-ce la crainte de dévoiler des tours, des manipulations ? Est-ce la peur de faire perdre une part du mystère qui entoure ce domaine particulier du music-hall ? Aussi, quand un romancier ou un scénariste de BD s'empare du sujet, ne boudons pas notre plaisir et laissons-nous entrainer dans un monde qui jouxte la féérie.

     Éric Corbeyran place la barre haut car il projette un mystère qui semble insoluble dans un univers où tout n'est qu'illusion. Il utilise un tour qui produit toujours son effet, mais amplifie la tension en faisant disparaître réellement l'enfant, en laissant une étrange pierre qui génère un lot conséquent de questions.

     Parallèlement à la magie, il s'attache aux caractères de ses personnages, à leur ambition, à leur volonté de s'imposer à la fortune. Il laisse supposer, compte-tenu de la tournure de l'histoire qu'une lutte fratricide va opposer deux anciens amis. Pour l'heure, les péripéties que propose le scénariste sont suffisamment nombreuses et variées pour tenir le lecteur en haleine et lui donner une forte envie d'aller plus loin dans le récit. Il s'appuie également, pour son récit, sur la réalité économique et brosse une histoire à mi-chemin entre drame psychologique et fantastique.
 

     C'est Éric Chabbert qui prête son trait élégant pour la mise en images fluide de ce récit. Il restitue, de belle manière, le climat de cette époque. Il met en scène les bases de la société et offre quelques perspectives dont il a le secret. Son travail graphique, tant sur les personnages que sur les décors, sur la mise en scène, donne une dimension tangible au scénario.
 

     Les Magiciens, le premier volet de BlackStone, s'attache autant à la face sombre de l'individu qu'à la manipulation et l'illusionnisme.