Léonid Miller est concepteur de sites Internet. Il mène une vie solitaire dont il s'accommode bien volontiers car : « Il trouve les relations humaines compliquées, pleines de malentendus et souvent conflictuelles. » Après une journée de travail, il s'autorise une pause et se rend à la cinémathèque, un lieu qu'il apprécie particulièrement. Il pense que la fiction présentée dans les films a plus de présence et d'importance que la réalité. En sortant, alors qu'il veut commander un sandwich, il prend conscience qu'il est devenu transparent, invisible aux yeux des autres. Il assiste à l'effacement progressif de sa vie. Il n'a plus de prise sur rien. La faim et les fonctions vitales disparaissent peu à peu.
Un soir, à la cinémathèque qu'il continue de hanter, Françoise Angelli, la nouvelle star montante vient présenter La Garçonnière de Billy Wilder. Attiré par la jeune femme, il s'invite sur le tournage et constate que...
L'auteur se place sur un registre proche du conte et s'appuie sur une réalité bien tangible, la solitude, l'effacement progressif de toute vie sociale, la disparition dans la mémoire humaine. Des individus entrent ainsi dans une absence, quasi-totale, d'existence aux yeux des autres. Il suffit, pour s'en convaincre de lire les faits divers relatifs à la découverte de personnes mortes depuis des mois, voire des années, sans que quiconque se soucie de ne plus les voir.
Mais l'auteur ne veut pas être aussi cruel que peut être l'existence. Il secoue son pessimiste et ouvre son récit sur une rédemption, la plus belle, celle de l'amour.
Il fait, à travers son personnage, un court voyage dans une filmographie des œuvres les plus remarquables des années 1950/60. Il aborde, avec l'héroïne, le milieu du cinéma et esquisse, avec tact et pudeur, les rapports que peuvent entretenir les acteurs, les comédiens, avec leur image, leur représentation, les personnages incarnés.
Son dessin léger, allant à l'essentiel met en valeur toute une gamme de non-dits, d'expressions explicites, de sentiments à exprimer. Son graphisme est presque plus éloquent sur le fond de l'histoire que les dialogues ou la voix « off ».
Avec L'Homme qui n'existait pas, Cyril Bonin met en scène un fait de société qu'il traite avec réalisme, tendresse et une grande lucidité.
Serge Perraud nooSFere 22/03/2012
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