Sur l'océan Atlantique, en 1213, Renato Polo guide trois caravelles à l'aide d'un vieux portulan et d'une pierre de Chine. Les navigateurs arrivent en vue d'une île fortifiée, sans âme qui vive, mais riche en or. Polo entreprend l'ascension du monument le plus élevé jusqu'au moment où...
Alaric de Rhedae, un Missus Dominicus tout frais émoulu, rentre chez lui après deux ans d'études. En chemin, il prend conscience des dégâts occasionnés, dans la population, par ce Mal des esprits, cette nouvelle peste qui se répand depuis quelques mois.
Après des retrouvailles festives, le père d'Alaric lui fait part de ses soucis. Conseiller du comte Erwig, il se trouve en désaccord avec sa politique. Ce dernier, en vue de sa réélection, laisse courir la rumeur selon laquelle l'épidémie est une punition divine pour avoir accepté, dans l'empire, les Cathares et les Juifs.
À Rome, le pape, qui vient d'essuyer un refus de l'empereur pour monter une croisade pour chasser les Mongols de Palestine, est inquiet de l'évolution de l'épidémie. Il décide de réunir un concile... au cœur du territoire le plus touché.
Entretemps, Alaric est chargé d'élucider le meurtre d'un érudit, fervent protecteur des Cathares...
Richard D. Nolane explore les relations des religieux au pouvoir, leur capacité à s'intégrer dans toute société pour en prendre le contrôle. Il avait, avec Millénaires, (Les Humanoïdes Associés) signé une remarquable série sur l'usage des reliques, leur commerce et toutes les bassesses que des religieux sont capables de commettre pour imposer leurs vues.
Pour l'heure, le scénariste développe un complot destiné à mettre en porte-à-faux un pays qui protège ce que Rome considère comme une hérésie. Avec Démon, il expose la lutte entre le catholicisme romain et les Cathares dans un cadre uchronique, nourri de fantastique.
L'Atlantide ne s'est pas abîmée dans les flots, un grand empire franc perdure et voisine avec un royaume Wisigoth qui règne en Espagne. L'Islam n'a pu se développer. Le pouvoir temporel s'impose au pouvoir religieux. Il coordonne finement ses « nouveaux » éléments, mettant en avant un ascendant de Marco Polo, la puissance de l'Empire Mongol, dont le pape tentera, par l'ambassade de Marco Polo, de s'en faire un allié pour prendre les musulmans de Palestine en tenaille.
Michel Suro réalise des planches au graphisme efficace qui servent bien le récit. Il donne priorité aux personnages plutôt qu'aux décors, qui restent sobres. Pourtant, les premières pages, relatives à l'Atlantide, auguraient d'une belle réalisation.
Le Mal des esprits, donne un cadre intéressant à un nouveau récit de la lutte entre l'Église romaine et les Cathares.
Serge Perraud nooSFere 01/04/2012
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