Sinestro vous propose de découvrir dans son intégralité l'histoire dont le premier chapitre fut publié en exclusivité dans la toute nouvelle revue Green Lantern Saga. Cet avant-goût nous avait laissés en plein suspens quand Sinestro, après avoir réintégré le corps des Green Lantern, demandait à un Hal Jordan au bout du rouleau de l'aider à sauver son peuple.
Explications : ancien membre émérite des Green Lantern, Sinestro avait provoqué un schisme en fondant le corps des Yellow Lantern, choisissant d'exploiter la peur et non la volonté comme l'impose le code des GL. Animé d'un but noble (imposer l'ordre et protéger son peuple), Sinestro a laissé la situation lui échapper et sa planète est désormais sous le joug de sa propre création : les Yellow Lantern. Une fois Sinestro vaincu, les Gardiens de l'Univers ont accepté de l'absoudre en lui confiant un anneau, mais son peuple est toujours réduit en esclavage... C'est ainsi que Sinestro est amené à demander l'aide de son pire ennemi, Hal Jordan, pour l'heure déchu de son statut.
Ce genre d'histoire, s'il ne s'agit pas d'une première, est toujours diablement excitant à suivre, l'union contre-nature d'un super-héros et de sa némésis étant propice à tous les retournements de situation : les deux alliés peuvent-ils se faire confiance ? Doit-on s'attendre à une trahison ? Dans Dr Strange & Dr Fatalis, Roger Stern jouait habilement sur ce thème en projetant le Sorcier Suprême de la Terre et le tyran de Latvérie en Enfer. Geoff Johns, lui, se contente d'envoyer les deux Green Lantern sur la planète d'origine de Sinestro, qui n'est pas loin de ressembler au royaume de Méphisto sous les exactions des Yellow Lantern. Autre éventuelle source d'inspiration : la déchéance sociale de Hal Jordan, qui a tout perdu (vie de super-héros, petite amie, argent...) fait penser à celle de de Matt Murdock dans Born Again. Autant dire que la rencontre de ces thèmes traités par deux comics cultes fait mouche, surtout en tenant compte des dessins d'un Doug Mahnke toujours aussi efficace. Comme espéré, le déroulement de l'intrigue suit les règles du genre (rien ne se passe comme prévu) et s'avère captivant, voire même surprenant car Sinestro vole la vedette à un Hal Jordan toujours à la traîne, en second plan, un peu « bêbête » et moins efficace dans la maîtrise de son anneau. Et la conclusion laisse à penser que cette relation tumultueuse est loin d'être terminée.
Pour finir, nul besoin de connaître l'historique de la série : Sinestro se lit indépendamment, comme les cinquante-deux titres de la « Renaissance » DC. Vous n'avez donc aucune excuse pour ne pas découvrir (ou redécouvrir) un super-héros injustement méconnu du côté de chez nous.
Florent M. 01/06/2012
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