Sian est employé par les marchands de Mest. Il doit ramener la tête d'un guerrier. Pendant l'engagement, il fait appel à son « Huileux » pour réparer une fuite sur une tubulure du bras gauche.
Sa mission accomplie, Sian a rejoint Maïer le bourgmestre, le notable le plus influent des Marches Carmines, qui évoque la situation, les difficultés et les menaces de la part des Nordiques. Ceux-ci, d'après lui, attendent le premier signe de faiblesse pour rompre l'accord et attaquer.
Sian escorte un convoi de minerais jusqu'à la fonderie. À destination, il découvre que tous les êtres vivants ont été tués. Les armes retrouvées sur place, la brutalité, indiquent que les Nordiques sont responsables du massacre. Le dauphin, et son tuteur ont rejoint Maïer et Sian. Ils décident de venger les morts.
Or, Huileux, ayant discuté avec des mineurs, rapporte à Sian que les rendements des mines sont toujours aussi bons, contrairement à ce qu'affirme Maïer, mais que la révolte gronde parce que les rations ont été diminuées.
Benoît Attinost, qui a beaucoup œuvré dans l'univers des jeux de rôles, aborde la BD. Dès le départ, on ressent cette influence sur le rythme du scénario, sur la mise en place rapide de l'action, sur la présentation des grands axes de l'intrigue. Il crée un cadre complexe et dense, faisant intervenir toutes les possibilités de prévarications, de traitrise, de complots, de combats...
L'auteur imagine un univers où se conjuguent un type de steampunk appelé l'art mécanique, la magie, la fantasy et le fantastique. Dans ce monde sanglant et féroce, il entremêle batailles, luttes pour le pouvoir tant spirituel que temporel. Il ponctue son scénario de complots, batailles, combats et rixes.
Les personnages sont campés et derrière le statut de mercenaire, l'auteur laisse apparaitre des êtres aux caractères étoffés, aux profils psychologiques étudiés. Avec sa galerie d'intervenants, il met en scène toute une gamme de sentiments qui vont de l'attrait du gain à l'amour, du goût du pouvoir à au respect de soi.
Il crée, avec le personnage du bourgmestre, un être retors, sans foi ni loi, sauf en ce qui concerne son profit immédiat.
Mauro de Luca avait fait sensation avec la mise en images de Soltrois, (une série des Humanoïdes Associés hélas ! avortée) inspirée du roman éponyme d'une reine française de la fantasy : Julia Verlanger. Il avait su capter toute la finesse de l'univers de l'auteur avec un dessin élégant, d'une grande beauté. Dans cet album, le dessinateur propose un graphisme plus commun tout en restant efficace. Il donne quelques décors superbes et conçoit des machines dans le plus pur style de la mécanisation du XIXe siècle.
Les Marches Carmines est une belle mise en bouche pour un diptyque au scénario novateur, riche, touffu, qui change de ces récits linéaires et si prévisibles.
Serge Perraud nooSFere 17/04/2012
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