Sur l'île d'Ankinoë, deux gardes voient débarquer un sorcier qui cherche la taverne de Bolos Le Borgne. Les retrouvailles, entre les deux anciens pirates, sont cordiales. Sarhan est venu sur l'île parce que la reine reste stérile. La loi prévoit que si Farstal, le roi, n'a pas d'héritier mâle avant cinquante ans (dans deux ans), il sera destitué au profit de Polynos, son frère, qui n'attend que cela. Mais Sahran a un remède efficace et seize ans plus tard Golias, le prince, est un jeune guerrier plein d'allant. Sa sœur Aeréna est poursuivie par les assiduités de Varon, le fils de Polynos. La rivalité entre les deux cousins a toujours été vive. Quand Varon perd tout contrôle, Golias intervient efficacement avec son ami Konios.
Bolos, à la demande de Polynos, fournit un poison qui met le roi en léthargie. Sahran révèle que seule la Fleur du Souvenir, une fleur magique qui pousse sur l'arbre de Cronos peut guérir le roi. Golias décide, avec Konios, d'aller la chercher. Sarhan les accompagne, laissant Aeréna seule au palais, vers son père...
La Grèce antique reste un creuset d'idées pour les scénaristes et le décor idéal pour développer une histoire dépaysante à souhait. Serge Le Tendre s'appuie sur quelques motivations humaines plus ou moins nobles comme le goût du pouvoir, le désir de puissance, l'attrait de la femme, la jalousie, surtout celle qui s'exerce au sein d'une famille. Il brosse, alors, une histoire particulièrement riche en trahisons. Cependant, il exalte la puissance des sentiments amicaux et fraternels. Il met en avant, grâce à ses jeunes personnages, la fougue de la jeunesse, son attrait pour la découverte.
Serge Le Tendre écrit un scénario très rythmé, où les actions s'enchainent sans répit. Il renoue, avec un plaisir évident, avec le scénario d'aventures épiques. Même s'il prend une trame relativement « bateau », il en fait un récit novateur et attractif. Il puise dans la mythologie et la détourne donnant, par exemple, une représentation masculine des Moires. Il distille un humour guilleret que l'on retrouve à tous niveaux. Ainsi, certains patronymes de personnages, donnés phonétiquement, révèlent un sens plaisant.
Le dessin est assuré par Jérôme Lereculey. Celui-ci a conquis un large public avec son trait précis, son sens de la mise en scène, son art de la mise en page. Il excelle à mettre en images les scènes d'action, sait « construire » des tronches et les animer de la plus belle façon. Ses décors fouillés, sa reconstitution d'une Grèce mythique, emportent l'adhésion et suscitent l'enthousiasme.
Ce dessin est valorisé de belle manière par la mise en couleurs de Stambecco.
Le premier album de Golias se révèle très attrayant, tant pour la qualité littéraire que graphique.
Serge Perraud nooSFere 04/10/2012
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