Les trois sœurs Febris, Brygia et Sortilego, toutes sorcières, leur chat Malkin et le crapaud Paddock voient leur univers basculer quand elles recueillent Hazel, une adorable gamine échappée du pays des Fées et que reviennent, de chez les humains, leur nièce Panacea, sa fille Hecate et son mari Rex Spot. Ce dernier est un lourdaud qui veut révolutionner leur mode de vie en introduisant le modernisme humain et, en particulier, la télévision. Titania, la reine des fées, veut récupérer la petite Hazel.
Alors que Hecate et Hazel, sous la surveillance de Mary Popotins, ne cessent de s'envoyer des sorts, les trois sœurs, et leur nièce, sont au salon d'esthétique. C'est pendant la séance de sauna que surgit Rex qui annonce son idée géniale : organiser un jeu de télé réalité pour les enfants. En rentrant, les trois sœurs découvrent le lutin Puck, déguisé en bambin qui cherche à s'infiltrer chez elles pour ramener la petite fée. Puis, elles se disputent à propos de la légendaire noix dorée au pouvoir si extraordinaire, que l'une d'elles a découverte dans la boite de Corflask, les céréales du petit déjeuner. Et Rex lance son jeu Glue-Anta...
Pour son premier scénario de BD, Teresa Valero a choisi un monde magique, à l'ancienne, confronté aux gadgets et aux phénomènes sociaux-culturels issus du monde des humains. Elle brocarde allègrement l'univers de la télévision, tant ceux qui la font que ceux qui la regardent et ingurgitent benoitement ce qu'on lui propose pour laisser : « ...du temps de cerveau humain disponible à Coca-Cola. »
Elle prend le parti de l'humour, un humour loufoque, burlesque, des situations baroques, transposées, jouant avec les possibilités offertes par un trio de vieilles demoiselles qui, comme les vieux couples, ne vivent plus que de disputes. Elle confronte, également, les outils du modernisme à la magie traditionnelle. Celle-ci est omniprésente avec son corollaire de gags. Elle utilise, au mieux, le décalage entre des situations et des dialogues faisant intervenir une kyrielle de références, aux milieux télévisuels et aux mondes de l'imaginaire.
Cependant, on a du mal à situer à quel public l'auteur souhaite s'adresser en priorité avec ce conte qui est plus une accumulation de gags que le récit d'une histoire complexe. Un public jeune y trouvera largement son compte par l'humour et les personnages d'enfants. Le public adulte sera intéressé par un humour au second degré, la critique, parfois appuyée, des travers de notre société de consommation.
Le graphisme est assuré, et de belle manière, par Juanjo Guarnido. Le créateur change son style par rapport à d'autres séries, avec un trait plus libre, une approche plus ludique, libérée de son dessin. Il réalise des vignettes fourmillantes de détails, d'éléments décalés. Il met en images, avec beaucoup d'imagination et de dynamisme tout un monde foisonnant et pose un regard plein de poésie sur un univers en folie.
Sorcelleries est une série de divertissement léger, une bulle humoristique dans un écrin graphique.
Serge Perraud nooSFere 09/10/2012
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