Dans une jungle inconnue, un étrange convoi de chenilles géantes progresse. Sur celle de tête, deux femmes aux allures dissemblables sont assises. L'une, qui se prénomme Louis, est une scientifique qui ne semble avoir connu que les lieux raffinés et les laboratoires. L'autre, qui s'appelle Marcel, a une carrure de baroudeuse. Elles sont accompagnées d'autochtones et découvrent la faune et la flore de Zarkass, cette lointaine planète où les terriens ont implanté un comptoir.
Louis est entomologiste. Mais, sa véritable mission, sous le prétexte de collecter des lépidoptères, est de rejoindre une cible qui se trouve près du volcan Zafar-Kass.
Piège sur Zarkass est le troisième roman de Stefan Wul à paraître dans la collection initiée par les Éditions Ankama après Niourk, Oms en série et avant La Peur géante et Le Temple du passé.
Yann en assure l'adaptation. Il prend quelques libertés avec le texte de référence. En effet, si, dans le livre de Wul les deux héros se nomment Laurent et Darcel, Yann propose de suivre le parcours de deux héroïnes. Pour « expliquer » ce changement, il imagine qu'en 3001 les femmes, exaspérées par l'attitude immature des hommes, ont pris le pouvoir et les ont déchus de leur souveraineté. Ceux-ci, humiliés, se sont retirés des affaires publiques : « ...se consacrant désormais à leurs vraies passions : jeux vidéo, football, philatélie, alcoolisme et homosexualité... » Sous la férule des femmes, la Terre rebaptisée Gaïa, connait une ère de paix, de sérénité où règne l'harmonie universelle.
Une large part du présent album est consacrée à la découverte de l'environnement zarkassien, de ses autochtones et de leurs liens avec la faune et la flore. Il est aussi l'exposé des relations entre les deux héroïnes, des rapports qui ne sont régis ni par la sérénité et par l'harmonie.
Le scénariste décrit, avec beaucoup d'humour, la confrontation à un univers différent, les relations entre ces personnages très différents et les situations comiques qui découlent de ec décalage.
Si Yann prend quelques libertés avec le récit originel, Didier Cassegrain, avec le talent qu'on lui connait, restitue tout l'exotisme supposé de ce monde lointain. Le choix du changement de héros lui donne l'occasion de mettre en scène le corps féminin dont il sait si bien faire ressortir toute la beauté. Il livre un travail superbe sur la mise en page, sur le choix des angles de vues, dans la représentation des décors. Il propose, avec brio, une faune extraterrestre du plus beau genre.
Les albums de cette collection donnent une folle envie de relire les romans de Stefan Wul pour en redécouvrir toute la substantifique richesse.
Un premier album parfaitement réussi par un scénariste qui maîtrise l'art du récit, joue à merveille d'un humour subtil et par un illustrateur au sommet de son savoir-faire.
Serge Perraud nooSFere 02/02/2013
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