Sur la Lune puis dans les Everglades, des antiques blocs de pierre gravés s'activent et libèrent de vigoureux aliens verdâtres, manifestement hostiles, tandis que d'autres attendent encore d'être réveillés à Lisbonne, aux Açores, en Guinée, au Groënland... Ces créatures se sont déjà manifestées au cours de l'Histoire et de mystérieux humains venus du fond des âges viennent aujourd'hui encore pour les combattre ou les contrôler...
Après les très drôles Zombies qui ont mangé le monde et Lucha Libre, Jerry Frissen s'essaie à une SF où l'on ne rigole plus, dans une version horrifique de série B assumée. Sans être d'une folle originalité, son scénario présente quelques atouts suffisants pour retenir l'attention : les créatures antiques qui ont marquées l'Histoire de leurs apparitions et qui nous font voir du pays, leurs opposants immortels qui demeurent bien mystérieux, les relations personnelles du héros... Hélas, j'avoue avoir beaucoup de difficultés à apprécier ici le dessin de Peter Snejbjerg. Les visages sont tantôt inexpressifs, tantôt curieusement grimaçants. Il n'existe aucun contraste entre les scènes du passé et celles situées dans un proche futur (2017). Les cadrages manquent de souplesse et de dynamisme. Bref, son style me paraît apporter une raideur caricaturale qui souligne désagréablement le côté grand-guignolesque de l'intrigue. Par exemple, la scène-clé des pages 40 et 41, où Hélius déploie son curieux bras téléscopique face à l'alien avant de se faire « pénétrer » par une autre immortelle, m'a ainsi paru trop figée et trop vilaine, jusque dans le choix des couleurs, pour ne pas sombrer dans un ridicule nuisible à l'adhésion du lecteur.
Il s'agit là d'une affaire de goût et d'autres que moi aimeront sans doute le trait de ce dessinateur plus que confirmé (B.P.R.D., Preacher...), dont les planches me paraissent d'ailleurs mieux passer en noir et blanc. Si vous trouvez jolie la couverture, qui résume bien ce que je n'aime pas, vous apprécierez sans doute le reste de cet album. Sinon, celui-ci reste dispensable.
Pascal Patoz nooSFere 01/04/2013
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