L'hiver est particulièrement rude pour les Vikings du nord. Depuis longtemps, la pêche et la chasse ne rapportent plus de quoi se nourrir correctement. Gandalf-le-Fou, parti piller les côtes saxonnes, tarde à revenir.

     Aaricia retrouve Thorgal, le Scalde, et lui apporte à manger. Björn, le fils de Gandalf, qui fait office de chef hait Thorgal. Il décide, pour s'en débarrasser, de l'offrir en sacrifice à Aegir, en l'enchaînant à l'Anneau des Trépassés. Il convainc des guerriers et tous partent, sur le champ, à la recherche de leur victime.

     Pendant ce temps, pour faire plaisir à Aaricia, Thorgal chante une ballade qui... attire trois baleines. Il réussit à les faire entrer dans la baie. C'est la fin de la disette pour les Vikings. Alors que les premiers guerriers veulent les tuer et commencer le dépeçage, Thorgal perçoit un message. De son côté, Hiérulf-le-Penseur les arrête. Il faut, préalablement, rendre un hommage au dieu de la mer, hommage repoussé au lendemain. Pendant la nuit, Thorgal veut délivrer les baleines, aidé par Aaricia. Celle-ci, tombée dans l'eau glacée est ramenée sur la berge par l'un des cétacés. Trempés, gelés, ils trouvent refuge chez Hiérulf où Thorgal révèle que ces trois baleines sont, en fait, les sœurs Minkelsönn. Le vieil homme sursaute. Il s'agit d'une histoire, celle de trois jeunes filles victimes d'un sort de Frieg, l'épouse d'Odin.

     Seules, les Nornes, trois vieilles sorcières qui vivent aux abords du Niflheim, peuvent lever le charme, si elles sont attendries par un chant.

     Thorgal décide d'aller les trouver sans tenir compte des dangers....
 

     La saga de Thorgal, l'Enfant des étoiles recueilli par les Vikings, s'enrichit de séries dérivées réunies sous le chapeau : Les Mondes de Thorgal. Après Kriss de Valnor, qui revient sur la suite à donner au destin de la terrible guerrière depuis sa mort héroïque, Louve, qui développe des péripéties vécues par la fille du héros, c'est la jeunesse, plus exactement l'adolescence, du surhomme qui est dévoilée. Cette série explicite des événements connus de façon fragmentaire, relatés dans les albums 7 et 14 (L'Enfant des étoiles et Aaricia) et au tout début de la saga, dans le tome 1 (La Magicienne trahie).
 

     C'est à Yann que revient la tâche de révéler cette partie de son existence. Il le fait avec une aventure qui mobilise les principaux acteurs de la saga. Le scénariste, qui connait parfaitement la fresque initiale, renoue et entrecroise les liens entre les principaux acteurs de celle-ci de façon fort adroite.

     Dans ce premier volet, on retrouve l'attachement d'Aaricia pour l'amour de sa vie, même si celui-ci, comme un jeune garçon, snobe celle qu'il considère encore comme une fillette.

     À suivre cette saga, et particulièrement cette histoire, on s'aperçoit que les hommes auraient été bien plus heureux sans les dieux. En effet, ceux-ci, qui n'ont rien à faire, passent leur temps à provoquer des catastrophes, à lancer des malédictions, à mettre des obstacles sur la route des humains, reprochant à ces derniers de ne jamais leur rendre assez d'hommages.
 

     Le graphisme (dessin et couleur) est assuré par Roman Surzhenko. Celui-ci a su s'approprier les personnages, les décors et l'esprit de la série. Il réalise, ainsi, dans le cadre du Grand Nord, des panoramas glacés, des paysages gelés parfaitement réalistes, bien que lui-même ne soit pas originaire d'une région habituellement prise dans les glaces. Sa mise en couleurs, avec une dominante de gris, restitue parfaitement le froid et le rude climat hivernal. Les personnages sont bien construits, le mouvement restitué avec brio comme le dynamisme des actions.

     On retrouve, dans un style affiné, le Grzegorz Rosinski des premiers albums, avant que celui-ci ne se lance dans ses compositions picturales qui passent relativement mal en album.
 

     Les trois sœurs Minkelsönn ouvre une nouvelle série bien attrayante en éclairant une partie encore ignorée de la vie du héros.