Une troupe de guerriers fait irruption dans l'église d'un paisible village, à recherche d'une statue. Parce que la réponse du prêtre lui déplait, le chef du groupe, Galohan Galkiddek, le décapite. On lui fait remarquer sa précipitation, car comment, maintenant, connaître le nom du sculpteur. Mais, un bedeau terrorisé, extrait de sa cachette, bafouille qu'il s'agit de Jobarth et qu'il est à Ram. Le nom de la ville déclenche une nouvelle colère. C'est la cité du prince Enoch, un seigneur qui accorde le droit d'asile à tous les pirates de la mer d'Opale. Personne ne veut le combattre.
Usant de ruses, Galohan réussit à réunir une armée et prend la ville. Il tue le prince, enlève Lillewyn sa fille et sa servante, et récupère le sculpteur.
Bien que bénéficiant d'un traitement de faveur, la princesse voue une haine féroce à l'assassin de son père et jure de le venger. Elle va mettre en place, seule, le mécanisme du châtiment.
Galahan compte sur Alcantor, son mage, pour ramener à la vie, à partir d'une statue réalisée avec une certaine matière, son épouse adorée. Celle-ci, il y a quelques années, s'était jetée dans les flammes, pour échapper au déshonneur.
Frank Giroud, dont c'est la première incursion dans une heroïc-fantasy teintée d'ésotérisme, croise deux destins animés par la même détermination. Il brosse le portrait d'un homme hanté par un amour détruit qui tente, par tous les moyens, de retrouver l'être aimé. Ce nouvel Orphée s'appuie sur un sorcier qui se dit capable de faire revenir la nouvelle Eurydice du fond des enfers. Mais, en a-t-il les capacités ? Parallèlement, le scénariste fait partager la haine viscérale d'une fille pour le meurtrier de son père adoré.
La mise en place des éléments de l'intrigue, dévoile, peu à peu, le passé des principaux acteurs du drame, les liens qui peuvent expliquer leurs relations, les tenants et les aboutissants d'un récit qui se déclinera en une trilogie.
Frank Giroud excelle dans les trames complexes où se croisent des antagonismes. Il est l'auteur, entre autres, du remarquable Décalogue, une série de dix albums autour d'un mystérieux ouvrage qui regroupe les dernières volontés de Mahomet.
Un dessin réaliste, aux couleurs directes, signé de Paolo Grella, apporte un beau support à cette histoire de haine et de férocité. Le travail de mise en scène, de mise en images est attractif, même si l'on a parfois du mal à identifier les personnages selon qu'ils soient casqués ou non.
La Prisonnière offre la promesse d'une série énigmatique à souhait, autour d'un sujet qui, bien que chargé en violence, déroule de flamboyantes histoires d'amour.
Serge Perraud nooSFere 29/06/2013
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