Flora Vernet a été l'apprentie du célèbre détective Auguste Dupin qui s'est fait une spécialité d'enquêter sur les phénomènes étranges et inexpliqués. Après un premier diptyque où Hugo Beyle tient le rôle du client pour retrouver une montre très spéciale qui lui a été dérobée. Son implication dans l'enquête est telle que Flora et lui décident de créer leur propre agence dénommée Aspic.
Alors qu'ils se promènent à Lille, dans une fête foraine itinérante, Flora est très inquiète pour sa situation financière. Mais, elle refuse l'aide d'Hugo, ne voulant rien devoir au dandy. Cependant, ils sont là pour rencontrer leur premier client, Ours-espiègle, un vieux indien qui se produit dans un cirque. Il était en contact avec son frère jumeau, mort depuis de nombreuses années par sa faute. Or celui-ci a cessé, il y a quelques jours, les relations extralucides qu'ils gardaient grâce à un bâton-totem et a totalement disparu. Il attend donc des deux détectives qu'ils lui retrouvent l'esprit de son frère.
Flora accepte de se lancer à la recherche d'un spectre poussée par ses besoins financiers pressants. Elle est à bout de ressources.
Hugo fait connaissance avec les artistes du cirque dont nombre présentent des particularités physiques dont ils se servent pour gagner leur vie en s'exhibant. Pour Flora le problème est crucial. Comment débusquer un esprit ? Où peut se cacher un fantôme ?
Parallèlement, le tueur en série, qui a déjà œuvré dans le premier diptyque, continue son parcours sanglant.
Ce troisième tome de la série présente la première enquête de la toute nouvelle agence Aspic. Chaque histoire se déroule en deux tomes et permet de découvrir une ville nouvelle au XIXe siècle. Après Paris, c'est Lille que le scénariste a retenu comme décor. Il prend comme cadre un cirque qui, à l'image de Freaks, présente autour de numéros traditionnels, une galerie de personnes remarquables comme la femme la plus grosse du monde, celle qui porte une barbe, un homme loup-garou, des colosses, des nains...
La vedette, dans ce volet, est donnée à Flora et Hugo car c'est le début de leur association. L'auteur reste fidèle à l'esprit de sa série avec ses détectives de l'étrange. Le couple fonctionne parfaitement, Flora étant l'élément stable, responsable, alors qu'Hugo, comme un vibrion, ne pense qu'à papillonner, se distraire et à jouer les jolis cœurs.
L'humour est très présent, jouant sur les décalages dans le couple et sur le sujet de l'enquête.
Un cahier graphique complète heureusement l'album et définit, dans un croquis, les limites au dévoilement de l'anatomie de Flora, limites que les auteurs ne dépasseront pas.
Le scénariste, comme le dessinateur, parsèment leurs albums de références multiples à la littérature de genre et à nombre d'auteurs comme Dumas, Gaston Leroux, Maurice Leblanc, Balzac, Edgar Poe et même Stendal.
Jacques Lamontagne, connu pour des séries comme Yuna, Les Druides... assure un dessin à la fois réaliste et ésotérique quant aux décors. Son travail sur l'expressivité des personnages est remarquable comme le soin et le détail apportés au contenu des vignettes et à la mise en couleurs.
Aspic est une série très plaisante à découvrir, renouant avec un genre qui est tombé quelque peu en désuétude.
Serge Perraud nooSFere 29/12/2013
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