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Album
L'Ennemie qui est en moi
Série : Le Miroir des Alices    tome 1  Album suivant

Scénario : KARA
Dessins : KARA
Couleurs : KARA

Soleil , coll. Soleil levant, juillet 2003
 
Cartonné
Format 315 x 225
48  pages  Couleurs
ISBN 2-84565-487-7
 
Quatrième de couverture
     Quand les hommes doutent d'eux-mêmes ; ils se tournent vers la religion. Mais quand les dieux doutent d'eux-mêmes, vers qui peuvent-ils se tourner ?
     Ainsi commence la quête d'Alice, une femme accidentée dont la conscience est projetée dans un univers virtuel d'héroic fantasy : Le Miroir des Alices ! Un Pays des Merveilles ou tout est possible, et ou l'être humain peut se remettre en question au-delà de toute morale manichéenne.
     Parvenue au stade d'une divinité virtuelle, Alice découvrira alors que le pire ennemi à combattre est avant tout soi-même...
 
Critiques
     Le Miroir des Alices est un espace virtuel où « survivent » les esprits numériques de malades ou de blessés en coma profond, considérés comme inguérissables, dans l'attente d'une peu probable amélioration de leur état de santé. Ce lieu extraordinaire, contrôlé par un ordinateur nommé « Carol » (avec un seul l, à l'inverse de Lewis), est isolé du monde extérieur pour éviter tout risque de virus ou de contamination susceptible de détruire ces avatars virtuels. Ceux-ci, semblables à des dieux, possèdent le contrôle total de leur apparence et du décor qui les entoure. Les « sorts » dont ils peuvent user sont infinis, les mathématiques et l'informatique prenant le masque de la « magie ». Pour passer le temps, ils peuvent s'inventer des jeux, des quêtes, des guerres dont ils sont certains de sortir sains et saufs. Bref, leur condition s'apparente à celles d'immortels omnipotents, évoluant dans un décor sans cesse mouvant, dans une sorte de paradis proche de la perfection puisque « dans un univers où tout est possible, l'orgueil et la jalousie n'ont plus leur place. »
     Mais une nouvelle venue va bouleverser cette « paix tranquille ». A la suite d'un accident de voiture, Alice, une femme d'environ soixante ans, est envoyée in extremis dans le Miroir, avant même que le protocole habituel puisse être respecté. Sous sa nouvelle apparence d'elfe, Alice se montre une recrue exceptionnelle : elle acquiert le contrôle de l'univers virtuel de façon beaucoup plus rapide que la moyenne des individus et ses préoccupations semblent l'emmener vers d'autres voies que celles de ses pairs. Qui est-elle au juste ?

     Voilà un scénario qui montre un aspect relativement original des mondes virtuels, présentés comme une forme d'immortalité bienheureuse — bien entendu réservée aux seuls riches — un peu à la manière de La Cité des Permutants de Greg Egan. Nous sommes loin des univers cyberpunk glauques et violents ou des réalités truquées qui dissimulent une insoutenable vérité comme dans Matrix. Même la personnalité révélée d'Alice est intéressante et subtile, bien plus logique que l'improbable « élu » que d'autres auteurs moins scrupuleux nous auraient infligés. La référence à Lewis Carroll est ici plus que légitime.
     De plus, la science-fiction n'est pas seulement le prétexte à une aventure exotique, mais aussi à une réflexion philosophique sur nos limites et nos espoirs, sur le pouvoir et la création... bref, sur le sens de la vie humaine, qui demeure La question fondamentale. Le Miroir des Alices n'est-il pas la plus fabuleuse des utopies, un monde où l'égalité est plus qu'un beau rêve et où la mort n'est plus à redouter ? Dans ce cas, un retour au monde réel est-il envisageable ?

     Comme les autres titres de la collection Soleil Levant, le graphisme subit la double influence, parmi d'autres, de la BD franco-belge et des mangas. Kara exploite merveilleusement les ressources de ce monde virtuel où tout est possible : décors surréalistes pouvant changer complètement d'une case à l'autre, où les lois de la physique n'ont pas à être respectées, mais qui nécessitent de pouvoir être interprétés par nos cinq sens... Des décors que les « dieux » s'amusent à façonner au gré de leur fantaisie, sans règles précises, en les peuplant de réminiscences de leur vie antérieure. De même, les personnages peuvent se donner l'aspect qu'ils souhaitent : elfe, lapin blanc (pas spécialement pressé), lion humanoïde, etc.
     Il est facile d'imaginer la liberté graphique que donne ce thème et le résultat est à la hauteur. Même l'irruption des interfaces informatiques et de figures abstraites se montre harmonieuse, l'auteur évitant de suggérer la matrice sous-jacente par des géométries déjà vues.

     Avec un scénario original et intelligent et un dessin élégant et libéré des contraintes du strict réalisme, Le Miroir des Alices est un incontestable coup de maître. Qu'on soit amateur de SF ou de fantasy, cet album est une révélation.

Pascal Patoz          
nooSFere          
28/07/2003          


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