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"Délivrez-nous de nos péchés". Devenue cité-état indépendante, la sérénissime république de Venise semble soumise à une malédiction.
Alors que des rats mutants, produits de la pollution chimique des eaux, envahissent peu à peu la ville en proie à divers attentats, une série de meurtres plus horribles les uns que les autres est perpétrée sur plusieurs jeunes femmes et il ne fait pas bon se promener le soir dans le "sestiere" de l'Arsenalou dans celui de "Campo Maria Formosa". La police est sur les dents et le commissaire Spoletto fait des cauchemars, d'autant plus qu'une rumeur persistante s'insinue de "Baccari" en "Albergi"... un monstre hanterait la lagune. | |
Venise a souvent été le cadre d'histoires fantastiques, mais a rarement servi de décor à une véritable intrigue de science-fiction. Pourtant, quel meilleur symbole d'une civilisation en perdition, noyée sous la violence et la pollution, que cette ville splendide qui sombre inexorablement dans des eaux ténèbreuses ?
Après une introduction destinée à planter le décor, un peu statique mais heureusement brève, Corteggiani conduit son scénario de main de maître. Il met en place de multiples histoires qui se croisent, se succèdent ou se complètent... A peine avons-nous chassé le monstre dans les ruelles de Venise, que nous voilà plongés au coeur d'une enquête sur une série de meurtres atroces, puis dans des intrigues politico-religieuses, tandis que se déroulent divers attentats et sabotages...
Qui tire les ficelles ? Le meurtrier est-il le monstre ? Est-il un simple idiot capable d'accès de folie meurtrière ? Qui est cet homme mystérieux qui rôde ?...
Et quel rapport avec ces histoires qui surgissent du passé ? avec le charcutier Biaso qui fut décapité au moyen âge ? avec le pauvre Yogi qui un jour n'a plus supporté les brimades ? avec l'enfant illégitime d'un jeune prêtre devenu puissant cardinal ?
Corteggiani pose donc bien plus de questions qu'il n'apporte de réponses dans ce premier album, mais malgré les nombreuses directions que prend la narration, celle-ci demeure fluide et simple à suivre, évitant toute confusion.
Le dessin, classique mais vigoureux, accompagne parfaitement l'atmosphère noire du récit, et De Vita dynamise la mise en page en bousculant les cadres.
Ses personnages sont particulièrement expressifs et humains, avec une diversité qu'on ne trouve guère habituellement que dans la réalité... Certains sont beaux, d'autres laids, mais la plupart sont simplement "ordinaires", ce qui renforce l'impression de réalisme sombre qui se dégage de l'album.
En bref, un excellent début pour une nouvelle série prometteuse…
Pascal Patoz
nooSFere
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