La série Hispanola résulte d'un curieux mélange d'époques et d'ambiances, qui fait appel à des références aussi différentes que la trilogie marseillaise de Pagnol ou l'Île au trésor de R.L. Stevenson. Ce quatrième album commence comme un roman d'expédition africaine, avec de superbes décors traversés par divers véhicules, dont d'étonnants bateaux volants. Le récit d'aventures exotiques se transforme cependant en une tragédie où la passion anime des personnages forts et hors du commun, unis par des relations complexes et que l'on pressent condamnés par le destin.
Bien des choses s'éclairent sur les protagonistes, mais nous demeurons toutefois sur une légère sensation d'inachevé. Ce quatrième tome est annoncé comme le dernier de la série, alors qu'il y aurait sans doute matière à un second cycle. Mais, finalement, les questions qui se posent encore sur le devenir des acteurs de ce récit ne font qu'augmenter le climat d'étrangeté et elles laissent la part belle à la rêverie.
Le dessin est très fin, mais inégal. Les couleurs directes, particulièrement belles dans les premières planches, sont malheureusement un peu trop sombres et monochromes dans les planches ultérieures, peut-être pour suggérer l'intériorisation du drame qui se joue désormais davantage dans le coeur des personnages.
En fin de compte, Hispanola propose un voyage exotique et envoûtant, avec un ton et un rythme à part. Il y manque peut-être un peu de chaleur pour être totalement captivant, mais il s'agit tout de même d'une série qui mérite le détour.
Pascal Patoz nooSFere 27/10/2000
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