Le Berceau aux étoiles marque le dénouement de la trilogie de Naciré, qui laisse un sentiment mitigé.
On peut s'enthousiasmer en effet pour le graphisme très personnel et cauchemardesque à souhait de Pontarolo. Son dessin est souvent superbe, y compris dans sa rigidité qui pourrait être un défaut mais qui est ici un élément essentiel contribuant à l'impression de désespoir nostalgique et à la fascination qu'exerce chaque planche. Des éléments oniriques traversent ce monde en décomposition, jusqu'à la révélation finale qui expliquera en grande partie l'étrangeté de cet univers tout en teintes sombres – surtout ocres et marrons – , les teintes de la rouille qui ronge tout...
Malheureusement, le scénario n'est pas à la hauteur. Les thèmes sont pourtant nombreux – trop sans doute : politique, virus, robots, quête de l'humain, perception de la réalité... Pontarolo a choisi une histoire complexe et trop ambitieuse, sans posséder une maîtrise suffisante de la narration. Le résultat semble ainsi brouillon, confus, inutilement bavard et trop souvent caricatural. Dommage, car le récit de Naciré et les machines est inventif et contient plusieurs bonnes idées : un scénario allégé, une construction plus précise, des dialogues plus percutants auraient fait merveille.
On ne peut qu'encourager le lecteur curieux à découvrir cet univers graphique qui vaut le détour à lui seul, mais on attend surtout avec impatience les œuvres futures de ce dessinateur talentueux.
Pascal Patoz nooSFere 02/01/2001
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