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Quand d'honnêtes citoyens se mettent à tuer sans motif apparent d'autres honnêtes citoyens, l'inspecteur Rivière prend l'enquête en main. Nombre d'indices déconcertants s'accumulent : des citations de Faust abandonnées sur les lieux des crimes, des chapeaux melons ensorcelés, le mystère s'épaissit de plus en plus. Le Mal rôde-t-il en ville ? | |
Tabou est un récit puzzle où les témoignages qui s'entremêlent, où les scènes qui se croisent de façon non chronologique, où les souvenirs qui surgissent, finissent par tisser une toile où l'on distingue le fil du récit.
Celui-ci met en scène une variante très originale de Faust, mêlant pacte diabolique, pouvoirs psychiques, histoire de moeurs, enquête policière... Malgré une construction complexe et éclatée, le récit ne s'égare jamais, aboutissant à une conclusion astucieuse, en forme de clin d'oeil... note d'humour dans une intrigue pourtant tragique.
Jouant au chat et à la souris avec le lecteur, ou plutôt comme l'inspecteur Rivière au chat et au diable, Zentner conduit son scénario implacablement, avec d'astucieux parallèles qui ouvrent d'autres récits enchassés : par exemple, deux pactes sont signés au même instant dans un même lieu et si nous connaissons la conclusion de l'un, rien ne nous sera dit de l'autre, le lecteur ayant tout loisir d'imaginer le pire... Ainsi tout au long de l'album, le lecteur devra travailler, à reconstruire l'intrigue principale tout d'abord, et à imaginer les intrigues parallèles ensuite.
Le graphisme de Pellejero fait une fois de plus des merveilles. D'une rare élégance, il utilise toutes les ressources du noir et blanc, avec des images très épurées, à-plats d'ombres et de lumières, d'autres très fouillées. Scènes d'incendie, ville en proie au brouillard ou à la pluie, circulation urbaine, Pellejero multiplie les atmosphères pour accroître l'émotion qui se dégage du récit.
Dans ce monde noir, où les souvenirs sont gris, les meurtres n'ont pas plus de raisons qu'un jeu, ou qu'un enjeu, passe-temps d'un diable qui s'ennuie... Un album magnifique…
Pascal Patoz nooSFere
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