Tandis que les X-Men débarquent sur les écrans de cinéma, Soleil publie en quatre tomes les récits de leurs rencontres avec les WildC.A.T.S et de leur lutte commune contre les Daemonites, des aliens impitoyables qui ont pour but d'asservir la Terre. La première de ces rencontres se situe en pleine seconde guerre mondiale, et évidemment les Daemonites ne sont pas loin derrière les nazis.
L'intrigue est simple. Wolverine, l'homme loup doué d'un pouvoir d'auto-guérison qui le rend quasi indestructible, et Zealot, une guerrière du Coda, vont tenter de s'emparer d'un parchemin qui ouvre la porte vers un autre monde. Si cette aventure se teinte d'occultisme, les scènes d'action sont toutefois privilégiées. Scott Lobdell manie l'ellipse avec brio pour éviter les longues explications : nous ignorons comment les personnages sont arrivés là, nous n'en saurons guère sur les pouvoirs du parchemin, mais entre deux, un bon nombre de nazis et de Daemonites regretteront d'avoir croisé le chemin de nos deux héros.
Une chose est sûre : ça fonctionne ! Car Travis Charest a transformé ce jeu de massacre en une véritable œuvre d'art. En choisissant un graphisme très réaliste, il peint des personnages beaucoup plus humains que les super-héros habituels. Pas de rictus hargneux dévoilant des dents ultra-blanches : le crayonné se fait à la fois subtil et profond. Pas de couleurs vives et éclatantes : Charest choisit un noir et blanc délicat, relevé par des touches colorées discrètes mais qui transfigurent chaque planche. De plus, en les dotant de vêtements et d'un armement propres à l'époque et en ne faisant appel à aucun super-pouvoir, Charest fait de ses personnages des héros qui semblent plus sortis d'un film noir que d'un univers de science-fiction. On s'amusera d'ailleurs à comparer les illustrations en fin d'album, qui mettent face à face les conceptions tout à fait différentes de Travis Charest et de Jim Lee et Scott Williams : penser qu'il s'agit des mêmes personnages ne peut que faire sourire, tant il est impossible de comparer les qualités respectives des deux versions.
Bref, cet album visuellement splendide a quelque chose de magique. Il pourra être apprécié par tous, y compris par le lecteur réfractaire au moindre super-héros.
Pascal Patoz nooSFere 11/12/2000
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