Certains thèmes n'ont décidément pas fini d'inspirer les auteurs ! Nocturnes rouges met de nouveau en scène une chasse aux vampires, avec cependant une fraîcheur d'inspiration qui pourra emporter la conviction du lecteur le plus blasé – d'autant plus que ce premier album a l'agréable particularité de pouvoir se lire comme un épisode indépendant, le dénouement n'appelant pas obligatoirement une suite.
L'histoire est située sur Ethyl, un monde de Fantasy « moyenâgisant » où l'on rencontrera nombre d'aventuriers, où l'on affrontera diverses créatures fantastiques et où l'on admirera le palais volant de la guilde magique... Ethan, le chasseur de vampire, est blessé et sur le point de se transformer lui-même en vampire. Il éloigne sa fille May en l'envoyant à son frère Granite afin que celui-ci lui enseigne les rudiments du métier, une tradition familiale. Si Granite et May parviennent à tuer le monstre responsable, la métamorphose d'Ethan pourrait être stoppée...
Le méchant vampire, entouré d'une horde de créatures ténébreuses, est une créature maléfique qui ne s'interroge pas sur sa propre nature et qui n'a donc ni remords ni doutes. Mais s'il manque de subtilité, l'intrigue montre que d'autres membres de son espèce – que nous retrouverons sans doute dans les épisodes ultérieurs – sont beaucoup plus civilisés et bien mieux intégrés dans la société, donc peut-être plus dangereux.
La narration est fluide et rapide. Nous sommes immédiatement plongés au cœur de l'action, car, au début de l'album, Ethan est déjà atteint du mal et son histoire nous est révélée par étapes. Au lieu de tout montrer, Nhieu manie fort habilement l'ellipse, ce qui dynamise considérablement le récit. Par exemple, la grande scène de l'affrontement final – le morceau de bravoure obligatoire – , est totalement escamotée : page 43, dernière case, May se lève et pose le pied par terre ; page 46, première case, tout est fini ; entre deux, une autre histoire nous est contée, sans que le lecteur ait aucune difficulté à combler les lacunes.
En fin de compte, Nocturnes rouges ne ressemble pas vraiment aux autres histoires de vampires. L'atmosphère est plus proche de la Fantasy que du fantastique, plus proche d'un voyage aux péripéties initiatiques que d'une plongée dans l'inconscient, avec en outre une bonne dose d'humour, de merveilleux et d'aventures. Le graphisme est très agréable, mêlant plusieurs styles – la petite May semble sortie tout droit d'un manga – de façon cohérente, vivante et colorée.
Une bonne surprise.
Pascal Patoz nooSFere 02/04/2001
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