Le premier tome du Roman de Malemort nous avait paru trop conventionnel pour être pleinement convaincant, mais il ne s'agissait que d'un album de mise en place un peu superflu, au point qu'on pourrait presque aborder la série directement par ce deuxième tome.
Nous en apprenons en effet bien davantage sur les relations qui unissent ou divisent les différents protagonistes de ce drame. Religion et hérésie, haine et amour sont au cœur de cette lutte entre Aymon de Montgarac, un inquisiteur aveuglé par son obsession du mal et le comte Colbus, devenu un vampire dans des circonstances qui nous serons probablement dévoilées ultérieurement.
Le scénario demeure d'un grand classicisme, avec des péripéties conventionnelles, mais l'intrigue a enfin trouvé son rythme. Sans grande surprise, le récit est agréable et bien mené, même s'il n'échappe pas à quelques faiblesses (comme le cliché de la rivière souterraine où les personnages manquent de s'étouffer, scène peu significative mais curieusement jugée suffisamment importante pour que le texte soit repris sur la quatrième de couverture).
Le dessin de Stalner, lui aussi très classique, est irréprochable, avec des décors magnifiques, un cadrage dynamique, des scènes aux ambiances variées superbement soulignées par la mise en couleur très sensible de Chagnaud. Le seul reproche pourrait porter sur le visage de l'héroïne, Anthéa, qui manque singulièrement de caractère.
Bref, ce deuxième album, dans la lignée des grandes sagas historiques dont Glénat a le secret, est très plaisant et plus intéressant que le précédent. Il s'adresse évidemment aux amateurs d'aventures historico-fantastiques, d'histoires solides et bien contées à défaut d'être très originales et d'un beau dessin classique à défaut d'être personnalisé.
Pascal Patoz nooSFere 04/12/2000
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