Le Japon, au XIIème siècle. Par jalousie, dame Akane défigure sa sœur Orin qui, désespérée, se jette dans un lac où son esprit va demeurer éternellement prisonnier. L'eau du lac apporte désormais l'immortalité à celui qui la boit : Akane en prend le contrôle avec une armée de fantômes. Deux siècles plus tard, une petite fille naît dans de mystérieuses conditions. Elle n'a pas de visage et doit porter un masque...
Jung a choisi de mettre en scène un beau conte japonais, une histoire de fantôme très classique mais d'un grand romantisme. Dans cette tragédie fantastique, il mène une réflexion sur l'amour et la mort avec le lyrisme des meilleurs cinéastes japonais lorsqu'ils abordent des jidai-geki, c'est-à-dire des sujets historiques. Bien que la narration évite toute lenteur, la force des scènes est telle qu'elles en paraissent allongées, que le rythme semble s'étirer et que le récit acquiert ainsi une majesté, une élégance peu communes.
Ce charme se retrouve dans un dessin d'une grande finesse que relèvent de somptueuses couleurs directes. Le Japon médiéval hanté de fantômes que nous dépeint Jung est tantôt séduisant, tantôt effrayant, mais constamment envoûtant, à l'égal de l'extraordinaire univers imaginaire de La jeune fille et le vent, sa précédente série scénarisée par Martin Ryelandt.
La magie du conte et la sensualité du graphisme n'ont donc aucune peine à rehausser l'intérêt d'un argument assez conventionnel. Ce premier album est un enchantement.
Pascal Patoz nooSFere 02/04/2001
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