Troisième opus du Triangle secret, sur dix annoncés, De cendre et d'or possède les atouts et les inconvénients des précédents volumes. L'intérêt vient avant tout de l'intrigue concoctée par Convard. En vieux routier du scénario, Convard connaît les ficelles qui permettent de faire monter la sauce : son thriller historico-fantastico-ésotérique n'a rien de très original mais il fonctionne parfaitement. Difficile de ne pas se prendre au jeu, à moins d'être totalement allergique au genre et à la surenchère des sociétés secrètes et autres loges maçonniques. Le second intérêt réside dans la confrontation de différents talents graphiques au sein d'une même histoire. Là aussi, ce principe fonctionne plutôt bien puisqu'à chaque dessinateur correspond une époque différente, ce qui rend le changement de style parfaitement naturel.
Le gros défaut demeure le dessin très peu convaincant de Denis Falque, qui occupe la majeure partie de l'album (32 planches sur 46 !). Ses personnages, dont le fade héros Didier Mosèle, sont raides et peu expressifs, évoquant ceux d'une série télévisée poussive. Il suffit de jeter un coup d'œil à la couverture dessinée par Juillard pour mesurer la distance qui sépare ces deux auteurs : même de dos, Mosèle y a plus de présence que dans le reste de l'album. Bref, Falque n'est pas au niveau de ses collègues et l'unité de la série en pâtit sérieusement.
On pourra donc se passionner pour ce thriller prenant, tout en rêvant à ce qu'aurait pu donner une meilleure répartition des dessinateurs.
Pascal Patoz nooSFere 27/05/2001
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