Le prologue présente le personnage de Hugo Varegua, un révolutionnaire aux prises avec de méchants néo-nazis. Après une exposition un peu sèche de la situation politique sur Terre – une masse d'informations qui semblent peu utiles pour le reste de l'histoire – , l'intrigue débute à la septième planche, en orbite autour d'Anachron. Une deuxième exposition, tout aussi sèche, nous apprend que parvenue à l'ère de l'exploration spatiale, l'humanité a été intégrée à l'Alliance qui réunit toutes les civilisations évoluées de la galaxie. Les terriens doivent à leur tour assurer la surveillance d'un monde qui demeure encore à un stade évolutif qualifié de moyenâgeux : Anachron. Le but est de laisser les mentalités évoluer doucement, sans interférence avec des technologies avancées qui risqueraient de précipiter la destruction de la planète. Un peu plus tard, nous aurons une troisième exposition, celle de la situation de la baronnie de Norpath, menacée à la fois par une Fronde et par les orques. La main de la princesse a été promise à celui qui ramènera la tête du chef des orques.
Si le thème est prometteur, ce premier volume déçoit un peu. Cette série se veut composée d'albums pouvant se lire indépendamment. Celui-ci doit donc à la fois présenter Anachron et s'axer sur une intrigue autonome et complète. Ici, c'est l'histoire des néo-nazis qui sert de fil conducteur : ils périront grâce à l'intervention inopinée d'une force occulte, comme tout bon nazi qui se respecte : voir Indiana Jones.
De la politique, de la science-fiction, de la fantasy, du fantastique... Pour l'humour et le sexe, nous avons une princesse hystérique et son grotesque amoureux transi... Pour l'action, nous avons les terriens qui, sitôt arrivés, vont massacrer les orques à coup de roquettes, oubliant qu'ils sont censés ne pas faire de vague... Bref, des lourdeurs, et surtout beaucoup trop de choses pour un seul album. L'univers décrit est potentiellement riche, propre à être développé sur l'ensemble d'une série. La seule description d'Anachron et de l'existence de terriens dissimulés parmi la population locale – un « ils sont parmi nous » inversé – aurait amplement suffi pour ce premier tome. Il aurait en outre été préférable de maintenir un certain suspense plutôt que de nous exposer platement et linéairement l'entière réalité dès les premières pages. Finalement, en ajoutant des nazis, une quête, des orques, un démon... Cailleteau affadit paradoxalement l'univers décrit, et nous obtenons un amalgame assez indigeste.
Néanmoins, l'ensemble est plutôt sympathique et nous pressentons que les albums suivants pourraient être plus réussis : débarrassés de l'obligation d'exposer la situation, les auteurs pourront sans doute y retrouver une plus grande légèreté, à condition de concevoir une intrigue plus rigoureuse qui éviterait les quelques facilités et les quelques gags inutiles.
Pascal Patoz nooSFere 17/05/2001
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