Saturnin, cherchant naïvement à devenir illusionniste, a pénètré chez le grand Mordhom en espérant apprendre ses secrets. Il ignore que les pouvoirs magiques du personnage sont réels, obtenu auprès d'Amphytrias, le démon qui régnait autrefois sur les morts et les esprits avant d'être chassé de « l'Entraille ». Le « relais » qui permet à Mordhom de communiquer avec Amphytrias lui a été dérobé : pour le retrouver, il lance de terrifiants hommes-citrouilles à sa recherche. Eusèbe Malfourchu et le Dr. Makabr vont s'y opposer, aidés d'un mystérieux fantôme...
Le premier tome nous avait déjà emballé, et la réussite se confirme dans ce second volume qui semble – provisoirement ? – clore le récit. La galerie de figures monstrueuses et grimaçantes qui hantent l'album – voir la couverture – n'empêche pas l'histoire de posséder une tonalité plutôt poétique et nostalgique, d'autant plus que les personnages sont liés par le souvenir commun d'une jeune femme défunte.
Cette atmosphère fantasmagorique et horrifique est excellemment rendue par Alfred, qui croque son univers avec inventivité et douce folie. Il équilibre finement le grotesque et le cauchemardesque par l'étonnante tendresse qui émane de ses personnages – que l'on peut pourtant qualifier de « laids ». Celui de Géraldine, l'obèse propriétaire du « Brouet sapide », est particulièrement touchant par la compassion et la force de caractère dont elle fait preuve, tandis que Saturnin demeure un anti-héros aussi sympathique que niais.
Les deux premiers albums semblent former une histoire complète : une raison supplémentaire de découvrir cette série originale qui ravira les amateurs d'albums « différents » et d'onirisme fantastique à la Tim Burton.
Pascal Patoz nooSFere 28/09/2001
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