La princesse Pandora vient d'être dépossédée de son royaume par le grand vizir Huz. Celui-ci redoute une revanche de la belle, alors qu'elle ne rêve que d'aventures et de voyages. C'est durant l'un de ceux-ci qu'elle rencontre deux sympathiques baroudeurs aux pouvoirs étranges, Sylvin et Lyzgry.

     Sur fond de trahisons et de course au pouvoir, entre situations cocasses et quiproquos, Pandora, Sylvin et Lyzgry vont affronter les implacables tueurs de l'Hydre Noire commandités par Huz, le régent fou...

     Pandora est une princesse insolente qui s'ennuie et rêve d'aventures. Lorsque le vilain vizir Huz tue son oncle le roi afin d'usurper son trône, elle y voit finalement l'occasion de s'échapper de sa condition de princesse. Elle tombe à pic sur un mignon voleur et sur une grosse brute, deux aventuriers qui la protégeront des rustres de ce monde pseudo moyenâgeux. Tout irait bien si Huz n'était pas convaincu que Pandora va tenter de reprendre son trône...

     Une princesse dépossédée de son trône, voilà un thème qui n'est pas neuf  ! Les clichés s'accumulent... mais de façon heureusement volontaire, pour tenter de les détourner. Ainsi, la jolie princesse, ne songe pas une seconde à récupérer sa place et l'acharnement que met Huz à la retrouver, allant jusqu'à déclarer la guerre aux royaumes voisins, est évidemment sans objet.

     De façon amusante, Pandora croisera à plusieurs reprises une autre princesse, Remora, qui s'est, elle, engagée dans une voie plus classique  : reconquête du pouvoir, quête d'un objet annoncé par une prophétie, équipage constitué d'un chevalier benêt et d'un mage incompétent. Les confrontations entre ces deux natures très différentes – la joyeuse insouciance de Pandora faisant de l'ombre au sérieux de Remora – sont les scènes où la dimension parodique de l'album est la plus réussie. D'autres épisodes font sourire, notamment les petites combines minables des héros, comme le commerce de pétoncles géantes...

     La bonne humeur générale de l'album suffit donc à faire oublier les facilités. Certes, on aimerait que le scénario soit un peu plus dense et rigoureux, que la parodie soit plus aiguë, mais l'humour est léger et sans vulgarité, tandis que Pandora est une jeune fille délurée moins dénudée mais bien plus sympathique que les nombreuses héroïnes à forte poitrine qui envahissent la fantasy.

     En outre, le dessin de Thomas Allart est excellent. Pandora est son premier album de bande dessinée, mais cet auteur a déjà du métier puisqu'il réalise des storyboards pour des studios de dessins animés. Cela se ressent  : le trait est expressif, le cadrage dynamique et les décors variés. Son talent contribue grandement au plaisir que l'on prend à parcourir cette aventure rigolote et sans prétention qui distraira autant les jeunes lecteurs que les adultes.